Pierre THIOLLET, Délégué CFDT chez SAP Business Objects
Alors que SAP a annoncé la semaine dernière des résultats en légère baisse et surtout un plan de suppression de 3000 postes, les salariés « rachetés » de Business Objects comptent bien défendre leurs emplois et les conditions de leur éventuel départ. Mais au-delà des considérations individuelles, Pierre THIOLLET, Délégué CFDT chez SAP Business Objects, conteste le réel succès de l’intégration entre les deux sociétés et dénonce une main-mise et une centralisation germanique sur l’éditeur de logiciels décisionnels, tout comme les 3000 licenciements qu’il qualifie de « boursiers ».
« Nous avons été extrêmement choqués par le comportement du groupe SAP », proclame Pierre THIOLLET, Délégué syndical CFDT chez SAP Business Objects. « La grogne était déjà là avant la crise, avec des plans de réorganisation en cours pour lesquels nous réclamions des mesures d’accompagnement. Mais depuis la fusion opérationnelle entre SAP et Business Objects, nous n’avons plus aucun interlocuteur ». Il semble en effet que, réalisée du point de vue opérationnel, la fusion entre les deux sociétés françaises n’a pas encore été traduite du point de vue juridique. Face à un plan social les deux entités restent donc indépendantes, mais difficile alors pour les représentants des salariés de trouver un interlocuteur pour négocier. Le service ressources humaines de Business Objects n’est plus composé que d’une seule personne en charge des procédures administratives, le seul interlocuteur juridique étant Hervé Couturier, directeur de la R&D de Business Objects et devenu responsable mondial de l’entité NetWeaver de SAP. « Pascal RIALLAND n’a jamais voulu entendre parler de nous, nous n’avons aucun interlocuteur chez SAP. Nous ressentons un véritable mépris de sa part », explique Pierre THIOLLET. Certes un directeur des ressources humaines par interim aurait été missionné pour trois mois, Hervé MECHIN, mais sa mission précédente, chez Metaleurop, fait craindre le pire aux salariés concernés par le plan de licenciements.
C’est tout d’abord le principe même de la nécessité de ce plan de supression de postes que critiquent les représentants des salariés. Alors que l’entreprise a réalisé 1,9 milliards d’euros de bénéfice en 2008, ils estiment ces économies totalement inutiles, si ce n’est pour faire plaisir aux actionnaires. « Les grands groupes comme SAP ont une responsabilité morale, vis à vis de leurs salariés, de leurs clients et des citoyens. Alors que l’entreprise va distribuer 550 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires, elle provisionne 300 millions d’euros de charges liées à ces 3000 suppressions de postes. D’ailleurs, est-ce bien responsable que de provisionner 300 millions d’euros de charge en 2009 pour atteindre une économie de charges du même montant seulement en 2010 ? ». Une réflexion qui fait penser à notre interlocuteur que ce plan n’est en réalité qu’une première étape.
La grande crainte des dirigeants de SAP serait en réalité une baisse du cours de l’action qui rendrait l’entreprise vulnérable à un rachat, par IBM par exemple. Même si aucun chiffre officiel n’a été annoncé, les représentants syndicaux de Business Objects s’attendent à une centaine de postes supprimés en France, dont une soixantaine toucheraient d’anciennes équipes Business Objects. « Parmi les managers commerciaux de Business Objects, les trois-quarts n’ont plus d’équipe commerciale à manager. On leur propose un simple poste d’ingénieur d’affaires. Ces suppressions de postes auront un impact sur le commercial mais nous attendons aussi des suppressions à la R&D et sans doute au consulting. La profitabilité des consultants ex-Cartesis est moins bonne que celle des consultants SAP, je ne serais pas étonné que cela ait un impact ».
Pascal RIALLAND avait défendu la semaine dernière dans nos colonnes une « attrition naturelle » qui permettrait de couvrir la majorité des suppressions de postes envisagées. Un argument réfuté par Pierre THIOLLET qui aurait connaissance d’une vingtaine de démissionnaires chez SAP, mais pense que la crise actuelle et la perspective de conditions de départ négociées vont rapidement tarir ce flux.
Sur la méthode ensuite. L’annonce du plan a gelé l’ensemble des réorganisations en cours, en particulier sur le plan commercial. « Le premier trimestre 2009 risque d’être catastrophique car certains découpages de territoires commerciaux ne sont toujours pas définis. Ce qui devait se mettre en place au 31 janvier a été reporté au 31 mars ». L’objectif de cette prise de parole pour le délégué syndical CFDT est de sensibiliser les salariés et la direction à l’urgence de l’ouverture de discussions. « Nous demandons en premier lieu qu’un interlocuteur soit missionné pour dialoguer et aborder l’ensemble des sujets liés aux conditions de travail, d’organisation et à ce plan de réduction d’effectifs. Nous voulons obtenir les informations que nous sommes en droit d’attendre. Nous ne sommes pour l’instant pas procéduriers, mais nous pourrions attaquer deux fois par semaine la direction pour délit d’entrave ! », menace-t-il à demi-mots.
Néanmoins ce manque évoqué de considération de la direction envers les représentants syndicaux s’explique sans doute aussi par le faible engagement des salariés dans la défense de leurs droits. « Les salariés sont très individualistes et ne savent pas réagir collectivement. Nous n’avons qu’une faible capacité de mobilisation, même si lors du dernier débrayage, nous avons réussi à faire descendre symboliquement 150 salariés dans la cour de l’immeuble de Levallois. Mais nous avons tout de même plus de la moitié des salariés qui votent aux élections du comité d’entreprise, cette entité est donc parfaitement légitime ».
Premier objectif pour Pierre THIOLLET, restreindre au maximum le nombre de suppressions de postes chez SAP Business Objects, pour poursuivre le travail au service de l’entreprise dans de bonnes conditions. Puis contraindre la direction à mettre un maximum de moyens sur le reclassement des personnels licenciés, par exemple avec l’intervention d’un cabinet d’outplacement. « chez SFR, nos collègues licenciés sont restés salariés de l’entreprise jusqu’à ce qu’ils aient obtenu un poste ailleurs », suggère-t-il.
Mais les salariés de SAP sont-ils vraiment à plaindre ? Le secteur des nouvelles technologies ne se porte-t-il pas indécemment bien, comparés à d’autres secteurs durement touchés par la crise ? Avec un salaire moyen annuel de 60 KEuros, les salariés Business Objects ne semblent pas les plus vulnérables. « La souffrance au travail ne dépend pas du salaire ! Quand vous êtes dans une équipe projet qui bouge en permanence, que vous êtes soumis à une rentabilité à outrance, que vous avez des problèmes d’organisation pratique, de partage de bureau, que l’on vous refuse un minimim d’identité... tout cela n’est pas réservé aux petits salaires. L’exemple du TechnoCentre de Renault est malheureusement présent dans les esprits ». Même si les délégués représentent l’ensemble des salariés, ils tenteront bien entendu d’obtenir des conditions plus favorables aux salariés plus modestes, comme par exemple une prime fixe, non indexée sur le salaire.
Les prochains mois s’annoncent donc difficiles, chez SAP Business Objects comme sans doute chez d’autres grands acteurs du marché qui ont eux-aussi annoncé des plans de réduction d’effectifs qui doivent encore être déclinés dans chaque pays.
« Nous avons été extrêmement choqués par le comportement du groupe SAP », proclame Pierre THIOLLET, Délégué syndical CFDT chez SAP Business Objects. « La grogne était déjà là avant la crise, avec des plans de réorganisation en cours pour lesquels nous réclamions des mesures d’accompagnement. Mais depuis la fusion opérationnelle entre SAP et Business Objects, nous n’avons plus aucun interlocuteur ». Il semble en effet que, réalisée du point de vue opérationnel, la fusion entre les deux sociétés françaises n’a pas encore été traduite du point de vue juridique. Face à un plan social les deux entités restent donc indépendantes, mais difficile alors pour les représentants des salariés de trouver un interlocuteur pour négocier. Le service ressources humaines de Business Objects n’est plus composé que d’une seule personne en charge des procédures administratives, le seul interlocuteur juridique étant Hervé Couturier, directeur de la R&D de Business Objects et devenu responsable mondial de l’entité NetWeaver de SAP. « Pascal RIALLAND n’a jamais voulu entendre parler de nous, nous n’avons aucun interlocuteur chez SAP. Nous ressentons un véritable mépris de sa part », explique Pierre THIOLLET. Certes un directeur des ressources humaines par interim aurait été missionné pour trois mois, Hervé MECHIN, mais sa mission précédente, chez Metaleurop, fait craindre le pire aux salariés concernés par le plan de licenciements.
C’est tout d’abord le principe même de la nécessité de ce plan de supression de postes que critiquent les représentants des salariés. Alors que l’entreprise a réalisé 1,9 milliards d’euros de bénéfice en 2008, ils estiment ces économies totalement inutiles, si ce n’est pour faire plaisir aux actionnaires. « Les grands groupes comme SAP ont une responsabilité morale, vis à vis de leurs salariés, de leurs clients et des citoyens. Alors que l’entreprise va distribuer 550 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires, elle provisionne 300 millions d’euros de charges liées à ces 3000 suppressions de postes. D’ailleurs, est-ce bien responsable que de provisionner 300 millions d’euros de charge en 2009 pour atteindre une économie de charges du même montant seulement en 2010 ? ». Une réflexion qui fait penser à notre interlocuteur que ce plan n’est en réalité qu’une première étape.
La grande crainte des dirigeants de SAP serait en réalité une baisse du cours de l’action qui rendrait l’entreprise vulnérable à un rachat, par IBM par exemple. Même si aucun chiffre officiel n’a été annoncé, les représentants syndicaux de Business Objects s’attendent à une centaine de postes supprimés en France, dont une soixantaine toucheraient d’anciennes équipes Business Objects. « Parmi les managers commerciaux de Business Objects, les trois-quarts n’ont plus d’équipe commerciale à manager. On leur propose un simple poste d’ingénieur d’affaires. Ces suppressions de postes auront un impact sur le commercial mais nous attendons aussi des suppressions à la R&D et sans doute au consulting. La profitabilité des consultants ex-Cartesis est moins bonne que celle des consultants SAP, je ne serais pas étonné que cela ait un impact ».
Pascal RIALLAND avait défendu la semaine dernière dans nos colonnes une « attrition naturelle » qui permettrait de couvrir la majorité des suppressions de postes envisagées. Un argument réfuté par Pierre THIOLLET qui aurait connaissance d’une vingtaine de démissionnaires chez SAP, mais pense que la crise actuelle et la perspective de conditions de départ négociées vont rapidement tarir ce flux.
Sur la méthode ensuite. L’annonce du plan a gelé l’ensemble des réorganisations en cours, en particulier sur le plan commercial. « Le premier trimestre 2009 risque d’être catastrophique car certains découpages de territoires commerciaux ne sont toujours pas définis. Ce qui devait se mettre en place au 31 janvier a été reporté au 31 mars ». L’objectif de cette prise de parole pour le délégué syndical CFDT est de sensibiliser les salariés et la direction à l’urgence de l’ouverture de discussions. « Nous demandons en premier lieu qu’un interlocuteur soit missionné pour dialoguer et aborder l’ensemble des sujets liés aux conditions de travail, d’organisation et à ce plan de réduction d’effectifs. Nous voulons obtenir les informations que nous sommes en droit d’attendre. Nous ne sommes pour l’instant pas procéduriers, mais nous pourrions attaquer deux fois par semaine la direction pour délit d’entrave ! », menace-t-il à demi-mots.
Néanmoins ce manque évoqué de considération de la direction envers les représentants syndicaux s’explique sans doute aussi par le faible engagement des salariés dans la défense de leurs droits. « Les salariés sont très individualistes et ne savent pas réagir collectivement. Nous n’avons qu’une faible capacité de mobilisation, même si lors du dernier débrayage, nous avons réussi à faire descendre symboliquement 150 salariés dans la cour de l’immeuble de Levallois. Mais nous avons tout de même plus de la moitié des salariés qui votent aux élections du comité d’entreprise, cette entité est donc parfaitement légitime ».
Premier objectif pour Pierre THIOLLET, restreindre au maximum le nombre de suppressions de postes chez SAP Business Objects, pour poursuivre le travail au service de l’entreprise dans de bonnes conditions. Puis contraindre la direction à mettre un maximum de moyens sur le reclassement des personnels licenciés, par exemple avec l’intervention d’un cabinet d’outplacement. « chez SFR, nos collègues licenciés sont restés salariés de l’entreprise jusqu’à ce qu’ils aient obtenu un poste ailleurs », suggère-t-il.
Mais les salariés de SAP sont-ils vraiment à plaindre ? Le secteur des nouvelles technologies ne se porte-t-il pas indécemment bien, comparés à d’autres secteurs durement touchés par la crise ? Avec un salaire moyen annuel de 60 KEuros, les salariés Business Objects ne semblent pas les plus vulnérables. « La souffrance au travail ne dépend pas du salaire ! Quand vous êtes dans une équipe projet qui bouge en permanence, que vous êtes soumis à une rentabilité à outrance, que vous avez des problèmes d’organisation pratique, de partage de bureau, que l’on vous refuse un minimim d’identité... tout cela n’est pas réservé aux petits salaires. L’exemple du TechnoCentre de Renault est malheureusement présent dans les esprits ». Même si les délégués représentent l’ensemble des salariés, ils tenteront bien entendu d’obtenir des conditions plus favorables aux salariés plus modestes, comme par exemple une prime fixe, non indexée sur le salaire.
Les prochains mois s’annoncent donc difficiles, chez SAP Business Objects comme sans doute chez d’autres grands acteurs du marché qui ont eux-aussi annoncé des plans de réduction d’effectifs qui doivent encore être déclinés dans chaque pays.
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