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Business Objects se lance dans le décisionnel à la demande… décevant…


Rédigé par le 17 Avril 2006

Business Objects a annoncé le 10 avril dernier, aux Etats-Unis, son incursion dans le monde du logiciel « à la demande », à la manière de Salesforce.com, Siebel… Mais tant du point de vue fonctionnel que sous l’angle du modèle économique, de nombreux progrès restent encore à faire avant que l’éditeur ne puisse réellement revendiquer cette appellation.



Business Objects entre dans le monde du logiciel à la demande en annonçant crystalreports.com, un site permettant d’accéder à certaines fonctions du logiciel Crystal Reports, sous forme d’un service à la demande. Cette offre n’est pour le moment annoncée et disponible qu’en Amérique du Nord, et son débarquement en Europe n’est pas attendu avant le second semestre 2006. L’éditeur reste d’ailleurs discret sur cette nouvelle offre, et aucun porte-parole officiel n’est disponible en France pour la commenter et répondre à nos questions.

La proposition de valeur de crystalreports.com semble simple. Le site est réservé aux clients utilisateurs de la version classique de Crystal Reports, qui peuvent s’y enregistrer et y accéder gratuitement. A partir de leur poste de travail, en utilisant la version classique de Crystal Reports, l’utilisateur construit et produit de manière habituelle son rapport. Il peut ensuite l’envoyer et le mettre à disposition des autres utilisateurs sur le site crystalreports.com. Il définit alors la liste et les droits d’accès des utilisateurs à chaque rapport.
En se connectant au site, les utilisateurs peuvent visualiser les rapports et naviguer dans les données en ligne.

A y regarder plus en détail, crystalreports.com ne propose finalement qu’un extranet dédié à l’hébergement de rapports décisionnels. Pas grande chose de très original, on sait le faire depuis des années avec des solutions open source ou le couple Reporting Services / Sharepoint de Microsoft. Le principal atout de crystalreports.com est donc la simplicité d’ouverture d’un compte et de chargement des rapports. Il vise donc essentiellement à remplacer les envois de rapports par email. Il représente cependant un atout pour les petites entreprises, même si ce ne sont pas les plus grands diffuseurs de rapports…

Attention, les fonctionnalités de crystalreports.com sont tout à fait limitées. L’utilisateur peut naviguer dans les données contenues dans un rapport téléchargé sur le site, mais il ne pourra bien entendu pas aller au-delà du niveau de détail présent dans le rapport. Les données sont figées à la date de mise à jour du rapport avant son téléchargement. L’utilisateur ne pourra demander la mise à jour des données. C’est à l’administrateur d’en charger une nouvelle version.
Le lien entre le rapport et les données source est donc brisé dès le chargement du rapport sur le site crystalreports.com. On ne peut d’ailleurs que s’en féliciter en l’état actuel des difficultés de sécurisation des accès directs aux données opérationnelles de l’entreprise. Une solution totalement ouverte serait certainement critiquée également.

Mais c’est dans son modèle économique que l’on peut contester le plus l’appellation de « à la demande » de crystalreports.com. En effet, contrairement à son modèle Salesforce.com, l’initiative de Business Objects est limitée aux clients existants de Crystal Reports. Le service est gratuit (pour le moment), mais nécessite une licence traditionnelle. Si vous n’êtes pas client Crystal Reports, vous devez d’abord acheter une version avant de pouvoir accéder au site en ligne. D’ailleurs le site ne propose en réalité aucune fonction de création de rapports (dans cette première version) ; il se contente de permettre la visualisation de rapports existants. Pas d’application en ligne, pas de formule d’abonnement, l’appellation de « SaaS », « Software as a Service », revendiquée par Business Objects est pour le moins exagérée.
Cela illustre d’ailleurs la difficulté pour un éditeur classique, côté en bourse, dont le modèle de revenu est basé sur la vente de licences, de basculer vers un modèle locatif, sans risquer les foudres des analystes financiers et la sanction des investisseurs. Une offre locative de Crystal Reports aurait certainement conduit à une diminution du chiffre d’affaires licences de Business Objects et la réaction des analystes aurait été immédiate.

Mais le lancement de crystalreports.com n’est certainement qu’un premier pas. Même s’il semble encore en phase de développement, ce site annonce la prise en compte par l’éditeur de ce nouveau modèle. Les mois et les années à venir devraient voir Business Objects investir plus dans cette direction.





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