Depuis quelques années, les études réalisées sur la prise de décision dans les grandes entreprises constatent que les interviewés disent devoir prendre de plus en plus de décisions pour mener leur stratégie de gestion globalisée. Comme au même moment les responsables cherchent à être le plus rationnels possible et à tout aborder de façon scientifique, les fournisseurs de solution se voient un bel avenir.
Le support qu’une entreprise attend d’un système d’information pour s’aider dans une prise de décisions est fonction du niveau et du type de décision concerné. Mais il faut avoir conscience qu’information et décision ne sont pas des notions simples, en effet une information peut être une désinformation, et une décision une absence de décision. Décider est différent de ratifier, c’est aussi créer et imaginer. Dans certains cas, décider amène à fixer des règles, mais appliquer une règle n’est pas considéré comme une prise de décision, alors que ne pas appliquer une règle est vu comme une décision. Enfin, souvent le contenu d’une décision sert d’information pour prendre une autre décision, il peut y avoir alors un réseau de décisions avec des liens de dépendance et des liens pour information et pour action. Cependant, il convient de noter que toutes les actions ne sont pas la suite d’une décision.
Les gourous du management s’accordent pour distinguer quatre niveaux de décision pour les entreprises. Les décisions stratégiques définissent les relations de l’entreprise avec son environnement (choix des activités, des marchés, des filières technologiques …), elles fixent des axes et des politiques pour le long terme. Les décisions d’organisation définissent les structures, les processus, les systèmes d’information (métier, mission, délégation, responsabilité, moyens …) elles fixent le cadre de travail dans une perspective de moyen terme. Les décisions de gestion définissent pour le court terme la direction et la performance attendue (objectifs, ressources, contrôle …). Enfin, les décisions opérationnelles s’intéressent au fonctionnement quotidien tant au niveau de la supervision que de l’exécution.
Les décisions des différents niveaux peuvent être de différents types. Il y a les décisions non structurées, uniques, non routinières, ou l’incertitude est grande qui requiert beaucoup de jugement et présente des risques. À l’opposé, il y a les décisions structurées, répétitives, routinières, aux procédures définies qui laissent peu de place à l’incertitude. Entre les deux, il y a les décisions semi-structurées ou quelques facteurs introduisent des risques.
Face à une décision un responsable peut adopter différents comportements comme ne pas décider, s’en remettre au hasard, agir puis réfléchir, se fier à son intuition, réfléchir en solo, analyser des chiffres, se tourner vers un tiers, opter pour le collectif et enfin faire comme tout le monde. Qu’il travaille seul ou pas, en utilisant des moyens ou non, s’il ne s’abstient pas, il passe par quatre phases décisionnelles. Une phase d’instruction avec collecte d’information pour identifier le problème, les opportunités et définir ce qui peut faire une différence. Une phase de conception pour trouver, modéliser des options, définir et évaluer les solutions. Une phase de sélection de la ligne de conduite à adopter par comparaison des choix et prévisions des résultats. Enfin une phase de mise en application et d’évaluation des résultats.
Dans ce contexte rapidement esquissé et sans rentrer dans les dimensions fonctionnelles ou sectorielles, il est facile de comprendre que pour répondre à ces besoins il ne peut pas exister une solution universelle. Même le gisement centralisé de données détaillées que les grandes entreprises affectionnent tant n’est pas l’unique source des informations de certains décideurs. Les entrepôts de données gèrent des informations « blanches » issues des activités historiques des compétiteurs d’un marché, mais dans certains cas il est nécessaire de s’appuyer sur des données « plus ou moins grises » issues de la veille, de l’intelligence économique ou du renseignement. Par exemple, dans le cadre d’une négociation le fait de disposer de renseignements précis sur les interlocuteurs clés peut être un atout décisif.
Il faut être humble, le domaine du décisionnel est particulièrement complexe beaucoup plus que celui de la gestion administrative des activités qui est couvert par les ERP par exemple. Une grande entreprise ne saurait couvrir ses besoins en s’appuyant sur les solutions d’un seul éditeur. Les fournisseurs le savent bien qui tout en proposant leurs moyens d’infrastructure ou des applications décisionnelles issues de la capitalisation d’expériences de certains de leurs clients, multiplient les accords de partenariat et ouvrent technologiquement au maximum leurs solutions pour qu’elles s’intègrent au mieux dans les systèmes hétérogènes et complexes des grandes entreprises globalisées d’aujourd’hui.
Rédigé par Michel Bruley le Vendredi 1 Janvier 2016 à 16:00
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