« Tapestry » en anglais, signifie « tapisserie ». Et l’une des plus fameuses tapisseries au monde est en France, à Bayeux. Elle mesure 70 mètres de long et raconte une histoire, celle de conquête normande de l'Angleterre en 1066, ses événements clés et notamment la bataille de Hastings. Cette tapisserie raconte une histoire, et la conférence Tapestry qui eu lieu cette semaine à Nashville (Etats-Unis) faisait le point sur les meilleures pratiques en matière de création d’histoires à raconter autour de ses données.
La centaine de professionnels présents venait d’horizons très différents. Presque tous les continents étaient représentés ; des journalistes (pour 27 % des participants), des programmeurs, des designers, des universitaires, des organismes non gouvernementaux, etc. Cette alchimie permis à chacun de confronter ses idées avec d’autres participants, aux pratiques souvent bien différentes. Un regret toutefois, seuls 13 % des participants venaient d’entreprises utilisatrices. Le chemin à parcourir reste important pour convaincre les entreprises que Powerpoint ne suffira sans doute pas pour mettre en valeur leurs prochains graphiques.
Conférencier principal de la matinée, Jonathan Corum, éditeur graphique au New York Times, a expliqué sa démarche de création. Son principal conseil est de ne pas oublier que la création d’un graphique n’est pas destinée à son créateur, mais à ses lecteurs. « Vous n’êtes pas votre propre audience, vous connaissez déjà l’histoire que vous racontez ! », explique-t-il. Pour sa part, avant de créer un nouveau graphique, il pense à ses trois profils de lecteurs : une étudiante qui lit son journal pour s’informer et apprendre, un employé de bureau qui dispose de quelques minutes dans les transports en commun pour s’informer, et sa grand-mère, artiste, qui sera plus sensible à l’aspect graphique et visuel qu’au contenu précis des informations. Son travail le conduit à être tiraillé en permanence entre une simplification à l’extrême et une foule de détails informationnels. Et ce n’est pas le seul grand écart avec lequel le créateur de graphiques doit composer : explication / décoration, mise en récit / interactivité.
La notion d’échelle est primordiale aux yeux de Jonathan Corum. Passer d’un détail à une vue plus globale, zoomer, dézoomer, pour aider le lecteur à comprendre.
Il aborda également la notion de légende, soulignant alors la différence entre le cartel d’un musée sur lequel ne figurent que des informations signalétiques de l’œuvre sans mise en perspective, et la légende explicative d’un graphique publié dans un journal qui participe à l’éditorialisation du message général.
Sa conclusion reste cependant de ne pas oublier le « bon sens », et de respecter le lecteur qui tout en voulant apprendre n’est pas pour autant un doctorant en visualisation graphique : se mettre à la portée de l’ensemble des lecteurs est un des facteurs clefs de succès.
Pour Cheryl Phillips, éditrice au Seattle Times, le principal écueil auquel sont confrontés les créateurs de visualisations graphiques est l’accumulation de données. Le problème n’est plus aujourd’hui de disposer de gros volumes de données, mais de les sélectionner et de les mettre en perspective. « Des données non mises en scène, ce n’est qu’un tas de données ; cela ne fait pas une histoire », explique-t-elle.
La centaine de professionnels présents venait d’horizons très différents. Presque tous les continents étaient représentés ; des journalistes (pour 27 % des participants), des programmeurs, des designers, des universitaires, des organismes non gouvernementaux, etc. Cette alchimie permis à chacun de confronter ses idées avec d’autres participants, aux pratiques souvent bien différentes. Un regret toutefois, seuls 13 % des participants venaient d’entreprises utilisatrices. Le chemin à parcourir reste important pour convaincre les entreprises que Powerpoint ne suffira sans doute pas pour mettre en valeur leurs prochains graphiques.
Conférencier principal de la matinée, Jonathan Corum, éditeur graphique au New York Times, a expliqué sa démarche de création. Son principal conseil est de ne pas oublier que la création d’un graphique n’est pas destinée à son créateur, mais à ses lecteurs. « Vous n’êtes pas votre propre audience, vous connaissez déjà l’histoire que vous racontez ! », explique-t-il. Pour sa part, avant de créer un nouveau graphique, il pense à ses trois profils de lecteurs : une étudiante qui lit son journal pour s’informer et apprendre, un employé de bureau qui dispose de quelques minutes dans les transports en commun pour s’informer, et sa grand-mère, artiste, qui sera plus sensible à l’aspect graphique et visuel qu’au contenu précis des informations. Son travail le conduit à être tiraillé en permanence entre une simplification à l’extrême et une foule de détails informationnels. Et ce n’est pas le seul grand écart avec lequel le créateur de graphiques doit composer : explication / décoration, mise en récit / interactivité.
La notion d’échelle est primordiale aux yeux de Jonathan Corum. Passer d’un détail à une vue plus globale, zoomer, dézoomer, pour aider le lecteur à comprendre.
Il aborda également la notion de légende, soulignant alors la différence entre le cartel d’un musée sur lequel ne figurent que des informations signalétiques de l’œuvre sans mise en perspective, et la légende explicative d’un graphique publié dans un journal qui participe à l’éditorialisation du message général.
Sa conclusion reste cependant de ne pas oublier le « bon sens », et de respecter le lecteur qui tout en voulant apprendre n’est pas pour autant un doctorant en visualisation graphique : se mettre à la portée de l’ensemble des lecteurs est un des facteurs clefs de succès.
Pour Cheryl Phillips, éditrice au Seattle Times, le principal écueil auquel sont confrontés les créateurs de visualisations graphiques est l’accumulation de données. Le problème n’est plus aujourd’hui de disposer de gros volumes de données, mais de les sélectionner et de les mettre en perspective. « Des données non mises en scène, ce n’est qu’un tas de données ; cela ne fait pas une histoire », explique-t-elle.
Autre intervenant remarquable de cette journée, Nigel Holmes, fondateur de Explanation Graphics. En quelques minutes d’intervention, il a souligné l’importance de la mise en contexte de l’information. Des données comparées permettent au lecteur de prendre conscience de certaines choses, tout simplement en comparant instinctivement ce qu’il ne connaît pas à ce qu’il connaît.
Savez-vous par exemple que la lune a approximativement la même taille que les Etats-Unis, si l’on posait notre satellite sur le continent nord-américain. Savez-vous également que l’Australie et les Etats-Unis ont approximativement la même taille ? Nous ne les comparons jamais car ils sont à l’opposé l’un de l’autre sur le globe terrestre.
Autre exemple, en 1968, Bob Beamon a sauté en longueur aux Jeux Olympiques et franchi la distance de 8,90 mètres. Représentés dans un stade d’athlétisme, ces 8,90 mètres vous paraitront presque faciles à sauter… mais si vous étirez une corde de 8,90 mètres dans votre salle de conférence, cette distance vous semblera totalement infranchissable. La mise en contexte est donc à la fois indispensable, et à elle seule un choix éditorial. « La mise en contexte est la clef de la compréhension », insiste Nigel Holmes.
Savez-vous par exemple que la lune a approximativement la même taille que les Etats-Unis, si l’on posait notre satellite sur le continent nord-américain. Savez-vous également que l’Australie et les Etats-Unis ont approximativement la même taille ? Nous ne les comparons jamais car ils sont à l’opposé l’un de l’autre sur le globe terrestre.
Autre exemple, en 1968, Bob Beamon a sauté en longueur aux Jeux Olympiques et franchi la distance de 8,90 mètres. Représentés dans un stade d’athlétisme, ces 8,90 mètres vous paraitront presque faciles à sauter… mais si vous étirez une corde de 8,90 mètres dans votre salle de conférence, cette distance vous semblera totalement infranchissable. La mise en contexte est donc à la fois indispensable, et à elle seule un choix éditorial. « La mise en contexte est la clef de la compréhension », insiste Nigel Holmes.
La matinée s’est poursuivie avec la présentation de Hannah Fairfield. Très inspirante, Hannah a passé en revue quelques unes de ses réalisations comme l’article Driving shifts into reverse pour lequel elle a utilisé en 2010 une représentation graphique qui compare le nombre de kilomètres parcourus par conducteur en fonction du prix de l’essence et du temps, un nuage de points qui présente la particularité de relier les points entre eux afin qu’ils représentent l’axe temporel.
Depuis ces travaux, Hannah Fairfield a participé à un projet multimédia incroyable, le projet « Snow Fall ». Vous pouvez lire cette histoire sur http://www.nytimes.com/projects/2012/snow-fall/#/?part=tunnel-creek
Un projet multimédia, qui combine données et narration, et propose un parcours à la fois très écrit, et connecté à de nombreuses données. Découvrez par exemple dans le projet la manière dont la position des skieurs est représentée sur la montagne, pendant que vous lisez la portion de l’article qui les concernent.
C’est finalement la présentation finale qui s’est révélée la plus décevante, celle de Robert Kosara, créateur de EagerEyes.org et actuellement en charge d’une mission pour Tableau Software. Il a participé récemment à la publication d’un article « état de l’art » sur la visualisation graphique de données et leur mise en récit.
Peut-être en attendions-nous plus de la part de l’éditeur de logiciels. Tableau Software travaille depuis environ un an sur ce thème de la mise en récit des données. Mais Tableau Software n’est plus une start-up, et le processus de développement de Tableau doit tenir compte des milliers d’utilisateurs à travers le monde. La version 8 de Tableau vient d’être lancée sur le marché, après de longs mois de tests ; et les innovations en matière de mise en scène des données seront sans doute proposées dans une prochaine édition. Nous espérons qu’elle ne tardera pas trop… pas autant que la version Mac de Tableau promise depuis plusieurs années mais jamais présentée. D’autant plus étonnant qu’à la conférence Tapestry, près de 90 % des participants et des intervenants utilisaient un Mac !
Mais peut-être Christian Chabot, le fondateur de Tableau Software garde-t-il quelques atouts dans sa manche. Il se murmure en effet que Tableau Software pourrait faire son entrée en bourse dans le courant du 2ème trimestre 2013, si les conditions de marché le permettent.
Une très belle conférence en tous cas, même si les cas présentés étaient pour la plupart déjà connus. La présence de tous ces experts dans la même salle a achevé de convaincre les plus sceptiques sur le fait que la mise en récit des données sera l’une des étapes majeures de la visualisation graphique. Mais de gros travaux restent à mener pour les éditeurs de logiciels afin de proposer des outils accessibles et en rupture avec les solutions actuelles. Un marché à saisir également pour des éditeurs innovants : combiner Powerpoint, Prezi, Tableau Software, SAS, et des outils de web documentaire comme Klynt.
Depuis ces travaux, Hannah Fairfield a participé à un projet multimédia incroyable, le projet « Snow Fall ». Vous pouvez lire cette histoire sur http://www.nytimes.com/projects/2012/snow-fall/#/?part=tunnel-creek
Un projet multimédia, qui combine données et narration, et propose un parcours à la fois très écrit, et connecté à de nombreuses données. Découvrez par exemple dans le projet la manière dont la position des skieurs est représentée sur la montagne, pendant que vous lisez la portion de l’article qui les concernent.
C’est finalement la présentation finale qui s’est révélée la plus décevante, celle de Robert Kosara, créateur de EagerEyes.org et actuellement en charge d’une mission pour Tableau Software. Il a participé récemment à la publication d’un article « état de l’art » sur la visualisation graphique de données et leur mise en récit.
Peut-être en attendions-nous plus de la part de l’éditeur de logiciels. Tableau Software travaille depuis environ un an sur ce thème de la mise en récit des données. Mais Tableau Software n’est plus une start-up, et le processus de développement de Tableau doit tenir compte des milliers d’utilisateurs à travers le monde. La version 8 de Tableau vient d’être lancée sur le marché, après de longs mois de tests ; et les innovations en matière de mise en scène des données seront sans doute proposées dans une prochaine édition. Nous espérons qu’elle ne tardera pas trop… pas autant que la version Mac de Tableau promise depuis plusieurs années mais jamais présentée. D’autant plus étonnant qu’à la conférence Tapestry, près de 90 % des participants et des intervenants utilisaient un Mac !
Mais peut-être Christian Chabot, le fondateur de Tableau Software garde-t-il quelques atouts dans sa manche. Il se murmure en effet que Tableau Software pourrait faire son entrée en bourse dans le courant du 2ème trimestre 2013, si les conditions de marché le permettent.
Une très belle conférence en tous cas, même si les cas présentés étaient pour la plupart déjà connus. La présence de tous ces experts dans la même salle a achevé de convaincre les plus sceptiques sur le fait que la mise en récit des données sera l’une des étapes majeures de la visualisation graphique. Mais de gros travaux restent à mener pour les éditeurs de logiciels afin de proposer des outils accessibles et en rupture avec les solutions actuelles. Un marché à saisir également pour des éditeurs innovants : combiner Powerpoint, Prezi, Tableau Software, SAS, et des outils de web documentaire comme Klynt.
Autres articles
-
Salesforce dévoile une mise à jour de Tableau Einstein pour intégrer les agents IA autonomes sur sa plateforme analytique
-
Avec une capacité de traitement de 100 milliards d’interactions par jour, Salesforce Genie Customer Data Cloud et Tableau accélèrent la prise de décision en entreprise
-
Salesforce annonce la nomination de Jean-David Benassouli au poste de Vice-Président Analytics, à la tête de Tableau en France
-
Pour 87% des décideurs, la donnée est une source d'innovation et de croissance mais plus d'un tiers (34%) estime que leur entreprise passe à côté d'opportunités
-
Les horizons multiples qu'ouvre l'Intelligence Artificielle en 2018