Tumblr, 100 millions de blogs pour découvrir les tendances
On connaît mal Tumblr en Europe. Le micro-blogging s’y est plutôt développé sur Facebook. Mais en Amérique du Nord, Tumblr attirerait un nombre de visiteurs équivalent à celui du réseau social. Avec plus de 100 millions de blogs hébergés, Tumblr est à lui seul une fenêtre ouverte sur le monde et sur ses tendances. De quoi parle-t-on ? Où ? Avec qui ? Quels sont les sujets traités, ceux qui font réagir, les images qui plaisent ? En connectant textes et images, Tumblr permet de comprendre notre société et ses tendances. Et en analysant les signaux faibles, beaucoup plus présents dans les blogs que dans les grands médias traditionnels, il est possible de prédire et de détecter des comportements futurs. Il me semble également que les réseaux sociaux comme Facebook sont plus utilisés pour partager, faire circuler, des contenus trouvés ailleurs ou sur le réseau ; alors que les blogueurs sont plus orientés vers la création de leur propre contenu. En analysant Tumblr, on est peut-être plus proche de la source de l’information et donc du signal faible, qu’en analysant Facebook.
Certes le montant payé par Yahoo, plus d’un milliard de dollars, peut sembler élevé, mais la valeur contenue dans les données de Tumblr est considérable… si l’on sait l’extraire, la représenter et l’analyser.
Certes le montant payé par Yahoo, plus d’un milliard de dollars, peut sembler élevé, mais la valeur contenue dans les données de Tumblr est considérable… si l’on sait l’extraire, la représenter et l’analyser.
Flickr, 1 To de données pour chacun des 90 millions d’utilisateurs
Autre annonce de la journée, l’évolution de Flickr, le site de partage de photos propriété de Yahoo. Nouvelle interface ressemblant aux murs de Pinterest, mais surtout, augmentation du volume de stockage offert aux utilisateurs : 1 To de données par compte utilisateur ! Oui, 1 To de données de photos disponible pour chaque utilisateur, gratuitement. D’après les chiffres disponibles sur le web, Flickr aurait environ 90 millions de membres. Faites le calcul rapide… 90 millions de téraoctets de données. Bien sur chacun des membres est bien loin de disposer d’un téraoctet de photos (et heureusement pour Yahoo qui n’a certainement pas les ressources pour héberger 90 exaoctets de données), mais cela nous donne une perspective. Yahoo pourrait, si Flickr redevenait le service populaire qu’il était il y a quelques années, regrouper la principale source de données photographiques au monde. La différence que je fais avec Pinterest ou Instagram, est là-encore que Flickr est plutôt utilisé pour publier des photos originales, plutôt de qualité. Pinterest est un site de re-publication, les photos originales y sont rares ; et Instagram est un site de publication d’instantanés, pris à partir de téléphones mobiles. L’analyse des tendances est peut-être plus pertinente à partir des clichés de Flickr.
Dailymotion, tentative avortée dans la vidéo
Et j’aimerais mettre en perspective la discussion récente autour du rachat avorté de Dailymotion. Refusée par le gouvernement français, qui s’est opposé à ce que Dailymotion soit racheté par un groupe étranger, cette transaction aurait permis à Yahoo de compléter ses données par des millions d’heures de vidéos. Dailymotion est là-encore, un thermomètre en temps réel sur ce que le monde nous dit de lui. Les milliers de vidéos publiées chaque jour nous indiquent la tendance. Yahoo souhaitait donc peut-être compléter son potentiel d’analyse de données non structurées par le site de vidéo.
Yahoo deviendra-t-il le baromètre prédictif de la société ?
Et si les dernières annonces de Yahoo cachaient en réalité une stratégie d’analyse prédictive ? Si au lieu de chercher à servir des centaines de millions d’utilisateurs, Yahoo avait compris que la valeur est dans l’analyse des données non structurées.
En se donnant la possibilité d’analyser des exaoctets de données non structurées, Yahoo détient peut-être, comme Google, la clef de la compréhension du futur proche. Or ce futur proche a de la valeur : pour les marques, pour les financiers, pour les prestataires de services, pour les gouvernements, etc.
Avec cette masse de données, Yahoo applique à la lettre les hypothèses du Big Data : de très gros volumes de données, qui arrivent en temps réel, et qui cumulent une variété et une variabilités de formats en particulier non structurés.
C’est dans cette analyse de données non structurées que Yahoo devra exceller pour tirer de la valeur des milliards investis. Mais Yahoo a les moyens de développer, ou de racheter, des technologies qui lui permettront d’analyser à la volée les centaines de milliers de photos, de textes, de liens, qui sont contribués chaque jour sur ses services.
La valeur est aussi créée par la connexion entre ces informations. Le système d’authentification de Yahoo qui permet de se connecter à l’ensemble des services à partir d’un même identifiant (tout comme le fait Google) créera ce lien.
Les clients potentiels sont nombreux. Les grandes marques mondiales sont avides de tendances pour savoir comment évoluent leurs marchés, vers quoi les consommateurs s’orientent, les couleurs, les formes, les concepts qui fonctionnent. Une chaine de textile espagnole confiait récemment à une grande banque, une étude prédictive sur les futurs acheteurs de vêtements dans le monde. En reconnaissant les formes, les visages, les idées, et en les associant, Yahoo pourrait disposer d’atouts considérables dans cette détermination des tendances. Si Yahoo développait ses services publicitaires, une meilleure analyse des tendances améliorerait alors le ciblage.
Impossible de savoir à ce jour si Marissa Mayer, CEO de Yahoo, a imaginé convertir l’entreprise en un générateur d’analyses prédictives ou si elle cherche simplement à singer Google. Et sans doute les développements analytiques et prédictifs éventuels seront-ils moins médiatisés que le rachat annoncé hier de Tumblr.
En se donnant la possibilité d’analyser des exaoctets de données non structurées, Yahoo détient peut-être, comme Google, la clef de la compréhension du futur proche. Or ce futur proche a de la valeur : pour les marques, pour les financiers, pour les prestataires de services, pour les gouvernements, etc.
Avec cette masse de données, Yahoo applique à la lettre les hypothèses du Big Data : de très gros volumes de données, qui arrivent en temps réel, et qui cumulent une variété et une variabilités de formats en particulier non structurés.
C’est dans cette analyse de données non structurées que Yahoo devra exceller pour tirer de la valeur des milliards investis. Mais Yahoo a les moyens de développer, ou de racheter, des technologies qui lui permettront d’analyser à la volée les centaines de milliers de photos, de textes, de liens, qui sont contribués chaque jour sur ses services.
La valeur est aussi créée par la connexion entre ces informations. Le système d’authentification de Yahoo qui permet de se connecter à l’ensemble des services à partir d’un même identifiant (tout comme le fait Google) créera ce lien.
Les clients potentiels sont nombreux. Les grandes marques mondiales sont avides de tendances pour savoir comment évoluent leurs marchés, vers quoi les consommateurs s’orientent, les couleurs, les formes, les concepts qui fonctionnent. Une chaine de textile espagnole confiait récemment à une grande banque, une étude prédictive sur les futurs acheteurs de vêtements dans le monde. En reconnaissant les formes, les visages, les idées, et en les associant, Yahoo pourrait disposer d’atouts considérables dans cette détermination des tendances. Si Yahoo développait ses services publicitaires, une meilleure analyse des tendances améliorerait alors le ciblage.
Impossible de savoir à ce jour si Marissa Mayer, CEO de Yahoo, a imaginé convertir l’entreprise en un générateur d’analyses prédictives ou si elle cherche simplement à singer Google. Et sans doute les développements analytiques et prédictifs éventuels seront-ils moins médiatisés que le rachat annoncé hier de Tumblr.