De l’infographique à la promographie
Depuis ces dernières années, mes yeux ont subi des milliers de représentations graphiques, les pires et les meilleures. Les pires sont sans doute les excréments visuels de la catégorie des « infographies » justement, qui doivent ulcérer les professionnels respectables qui s’appellent justement des infographistes et qui voient leur métier réduit à une pauvre automatisation par quelques stagiaires.
La mode consiste à regrouper quelques chiffres aux sources plus ou moins fiables, à les coller ensemble et à les illustrer de quelques dessins amusants. Caractéristiques communes de ces « infographies » : elles s’étirent en longueur et sont donc impossible à imprimer et illisible à l’écran en une seule fois, elles occupent dix fois plus de place que les informations qu’elles reproduisent sans apporter la moindre valeur ajoutée, et elles sont bien souvent détournées par des marques qui transforment les « info »graphies, en « promo »graphies.
Le meilleur (ou plutôt le pire des exemples) d’infographie promotionnelle dans notre domaine de la Business Intelligence a sans doute été commis par Information Builders qui publie en avril 2012, une « histoire de la BI » dans laquelle les travaux de Michael Scott-Morton ou du Dr. Codd sont oubliés, mais où le lancement du PalmPilot et celui de Facebook deviennent des événements de l’histoire de l’informatique décisionnelle !
La mode consiste à regrouper quelques chiffres aux sources plus ou moins fiables, à les coller ensemble et à les illustrer de quelques dessins amusants. Caractéristiques communes de ces « infographies » : elles s’étirent en longueur et sont donc impossible à imprimer et illisible à l’écran en une seule fois, elles occupent dix fois plus de place que les informations qu’elles reproduisent sans apporter la moindre valeur ajoutée, et elles sont bien souvent détournées par des marques qui transforment les « info »graphies, en « promo »graphies.
Le meilleur (ou plutôt le pire des exemples) d’infographie promotionnelle dans notre domaine de la Business Intelligence a sans doute été commis par Information Builders qui publie en avril 2012, une « histoire de la BI » dans laquelle les travaux de Michael Scott-Morton ou du Dr. Codd sont oubliés, mais où le lancement du PalmPilot et celui de Facebook deviennent des événements de l’histoire de l’informatique décisionnelle !
Trois critères pour noter les représentations visuelles
Mais fermons la parenthèse sur cette digression dont l’unique but est de faire prendre conscience au lecteur de l’importance de comparer, critiquer, noter et commenter les différentes formes de représentations graphiques mises à notre disposition aujourd’hui.
Les trois critères que je propose pour regrouper les points forts et les points faibles d’une représentation visuelle de données sont la qualité de la représentation graphique en elle-même, l’interactivité et la dynamique proposée par l’interface avec l’utilisateur, et enfin la mise en récit c’est à dire le sens que l’on donne à cette représentation visuelle.
Détaillons-les ensemble :
- La qualité de la représentation graphique en elle-même : cela regroupe le choix des graphes, des couleurs, des symboles, la justesse, l’exactitude de la représentation visuelle des données, le fait que l’on n’ait pas cherché à tromper le lecteur en faussant les échelles ou les axes par exemple, l’adéquation entre la représentation graphique choisie et les données, etc. Tous ces critères peuvent être analysés à la lumière des ouvrages déjà largement publiés qu’il s’agisse de ceux de Stephen Few ou plus proche de nous des livres de Bernard Lebelle. Mais pour la plupart, ils se limitent à l’analyse des représentations statiques, destinées à être imprimées ou projetées dans des présentations.
- L'interactivité / la dynamique offerte à l'utilisateur : Aujourd’hui le lecteur devient utilisateur, et il demande à être impliqué dans la lecture des représentations graphiques qui lui sont proposées. Il veut pouvoir toucher, interagir, sélectionner… Cela comprend également l’interface utilisateur, comment ce dernier navigue dans les données. Est-il juste spectateur d’une représentation visuelle ou peut-il fouiller dans les données, repartir en arrière, faire des choix, filtrer les données, etc. Par ailleurs, sans doute avez-vous remarqué que depuis quelques années (pour ne pas dire plus), les « soirées diapo » ont été remplacées par les films de vacances postés en temps réel sur Facebook. Pourquoi les graphiques devraient-ils alors rester inanimés. Est-ce parce que Powerpoint vous cantonne à des graphiques statiques ? C’est en tous cas la demande de l’utilisateur aujourd’hui, voir le film des données qui lui sont projetées. En particulier lorsque ces données suivent une dimension temporelle. Comme l’a très bien démontré Hans Rosling lors de ses présentations, c’est l’animation du fil du temps qui donne vie aux graphiques statiques et les transforment en film. Dynamique et interactivité avec l’utilisateur composent ce deuxième critère.
- La mise en récit (c’est le fameux « data storytelling » dont nous allons beaucoup parler en 2013) : c'est l'histoire que l'on raconte, la dimension analytique donnée aux graphiques pour faire passer un message, tout en restant objectif (ou en essayant de le rester), pour aller au-delà d'une simple pluie de chiffres auquel le lecteur ne donne pas de sens. C'est à ce niveau que l'on donne du sens à la représentation graphique. C’est un travail qui se rapproche du journalisme de données. Créer de la valeur, donner du sens, c’est pour raconter l’histoire de ses données que l’on ajoute la dimension « mise en récit » à une représentation visuelle, graphique et interactive. On en parlera beaucoup en février à la conférence Tapestry. Comme le dit Barbara Greene, « Si vous me le dites, c’est une dissertation, si vous me le montrez, c’est une histoire ! ».
Voici pour illustrer ces trois critères, quelques exemples un peu extrêmes permettant de mettre en lumière les trois dimensions d’analyse décrites ci-dessus.
Les trois critères que je propose pour regrouper les points forts et les points faibles d’une représentation visuelle de données sont la qualité de la représentation graphique en elle-même, l’interactivité et la dynamique proposée par l’interface avec l’utilisateur, et enfin la mise en récit c’est à dire le sens que l’on donne à cette représentation visuelle.
Détaillons-les ensemble :
- La qualité de la représentation graphique en elle-même : cela regroupe le choix des graphes, des couleurs, des symboles, la justesse, l’exactitude de la représentation visuelle des données, le fait que l’on n’ait pas cherché à tromper le lecteur en faussant les échelles ou les axes par exemple, l’adéquation entre la représentation graphique choisie et les données, etc. Tous ces critères peuvent être analysés à la lumière des ouvrages déjà largement publiés qu’il s’agisse de ceux de Stephen Few ou plus proche de nous des livres de Bernard Lebelle. Mais pour la plupart, ils se limitent à l’analyse des représentations statiques, destinées à être imprimées ou projetées dans des présentations.
- L'interactivité / la dynamique offerte à l'utilisateur : Aujourd’hui le lecteur devient utilisateur, et il demande à être impliqué dans la lecture des représentations graphiques qui lui sont proposées. Il veut pouvoir toucher, interagir, sélectionner… Cela comprend également l’interface utilisateur, comment ce dernier navigue dans les données. Est-il juste spectateur d’une représentation visuelle ou peut-il fouiller dans les données, repartir en arrière, faire des choix, filtrer les données, etc. Par ailleurs, sans doute avez-vous remarqué que depuis quelques années (pour ne pas dire plus), les « soirées diapo » ont été remplacées par les films de vacances postés en temps réel sur Facebook. Pourquoi les graphiques devraient-ils alors rester inanimés. Est-ce parce que Powerpoint vous cantonne à des graphiques statiques ? C’est en tous cas la demande de l’utilisateur aujourd’hui, voir le film des données qui lui sont projetées. En particulier lorsque ces données suivent une dimension temporelle. Comme l’a très bien démontré Hans Rosling lors de ses présentations, c’est l’animation du fil du temps qui donne vie aux graphiques statiques et les transforment en film. Dynamique et interactivité avec l’utilisateur composent ce deuxième critère.
- La mise en récit (c’est le fameux « data storytelling » dont nous allons beaucoup parler en 2013) : c'est l'histoire que l'on raconte, la dimension analytique donnée aux graphiques pour faire passer un message, tout en restant objectif (ou en essayant de le rester), pour aller au-delà d'une simple pluie de chiffres auquel le lecteur ne donne pas de sens. C'est à ce niveau que l'on donne du sens à la représentation graphique. C’est un travail qui se rapproche du journalisme de données. Créer de la valeur, donner du sens, c’est pour raconter l’histoire de ses données que l’on ajoute la dimension « mise en récit » à une représentation visuelle, graphique et interactive. On en parlera beaucoup en février à la conférence Tapestry. Comme le dit Barbara Greene, « Si vous me le dites, c’est une dissertation, si vous me le montrez, c’est une histoire ! ».
Voici pour illustrer ces trois critères, quelques exemples un peu extrêmes permettant de mettre en lumière les trois dimensions d’analyse décrites ci-dessus.
Une bonne mise en récit, mais aucun apport de la représentation graphique
Les graphiques utilisés dans cette vidéo sont inexacts, ils sont purement illustratifs et n'apportent rien à la rigueur du message. Aucune interactivité proposée au lecteur. Mais on raconte une histoire. Cette vidéo semble faite pour une catégorie de lecteurs qui ne serait plus capable de lire les mêmes informations, résumées en dix lignes de texte, mais se satisferaient d'images enfantines.
Une représentation graphique, interactive, animée... mais qui manque de mise en récit
Une analyse de la consommation d'énergie par source, aux Etats-Unis, depuis 1775.
A visualiser et à interagir sur http://theoldbeggar.com/visuals/us-energy-use/
Un très bel outil de navigation dans les données sur les milliardaires du monde, réalisée par Forbes. Mais aucune mise en perspective, aucune mise en récit. C'est à l'utilisateur de fouiller, et il aura bien du mal à comprendre une quelconque tendance.
A visualiser et à interagir sur : http://www.bloomberg.com/billionaires/2013-01-22/b8a
A visualiser et à interagir sur http://theoldbeggar.com/visuals/us-energy-use/
Un très bel outil de navigation dans les données sur les milliardaires du monde, réalisée par Forbes. Mais aucune mise en perspective, aucune mise en récit. C'est à l'utilisateur de fouiller, et il aura bien du mal à comprendre une quelconque tendance.
A visualiser et à interagir sur : http://www.bloomberg.com/billionaires/2013-01-22/b8a
Très interactif, mais la graphique est un peu pauvre et il n'y a pas de mise en récit
Cette analyse des mots prononcés par les Présidents américains lors de leurs discours d'investiture permet de naviguer par Président, par mot, par période. C'est très interactif. Mais les choix visuels sont un peu pauvres. Les mots collés les uns aux autres manquent de lisibilité. Et encore une fois, aucune mise en récit n'est proposée, aucune analyse ne permet au lecteur de comprendre les tendances, en fonction des périodes ou des orientations politiques des présidents concernés.