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L’intelligence artificielle : faisons vite mais faisons bien


Rédigé par Philippe Chretien, Klee Group le 3 Avril 2025

L’intelligence artificielle (IA) incarne la promesse de libérer les humains des opérations répétitives. Pourtant, pas plus qu’un outil, elle peut être tout aussi bien un moyen de simplification qu’un facteur d’alourdissement bureaucratique. Alors même qu’à l’issue du Sommet pour l’action pour l’IA organisé par la France les 10 et 11 février, de nombreuses entreprises et institutions publiques annoncent, semaine après semaine, leurs projets dans ce domaine, un paradoxe émerge : ce qui devait alléger les processus pourrait bien, au contraire, engendrer une complexification supplémentaire, sous le prétexte de l’efficacité.



Philippe Chretien, CTO de Klee Group
Philippe Chretien, CTO de Klee Group
Philippe Chrétien, CTO de Klee Group
Evidemment, l’automatisation des tâches répétitives est inéluctable. Ce n’est ni une opinion ni un choix moral : c’est l’évolution naturelle du progrès technologique. Après les machines de la première révolution industrielle et l’essor des robots, l’intelligence artificielle s’impose comme le prolongement logique de cette dynamique, favorisée non seulement pour les impératifs économiques mais également par une volonté politique forte, en France et ailleurs. L’automatisation est par ailleurs davantage une évolution qu’une révolution : c’est avant tout une nouvelle opportunité de repenser les processus, gagner l’adhésion des publics concernés, sans laisser quiconque de côté.

Cependant, à force de parler des enjeux techniques – comme la disponibilité des puces électroniques, le stockage des données, la qualité des jeux de données, le recours à l’open source, la souveraineté, les biais possibles et les hallucinations, pour n’en citer que quelques-uns, et dont il n’est en aucun cas l’objet ici de remettre en question leur importance – il est crucial de rappeler que le véritable défi de l’IA ne réside pas simplement dans l’automatisation des tâches, mais dans une réflexion plus profonde sur leur nécessité. La priorité ne doit pas être de remplacer coûte que coûte des processus existants, mais bien de repenser leur pertinence, en réservant l’IA uniquement à l’automatisation de ce qui est véritablement indispensable. Faute de quoi, nous risquons de perdre le contrôle d’un outil conçu pour nous émanciper, mais dont l’implémentation pourrait paradoxalement accroître notre dépendance.

Alors que les États-Unis, la Chine et la France ont respectivement investi 248,9 milliards, 95,1 milliards, et 6,6 milliards de dollars dans l’IA entre 2013 et 2022 ; alors que, dans le cadre du plan France 2030, l’Hexagone veut faire de l’IA une priorité en renforçant la stratégie nationale lancée en 2018, et prévoit près de 2,5 milliards d’euros d’investissements supplémentaires, faire le choix d’appliquer l’IA à des processus de fonctionnements préalablement simplifiés pourrait permettre à la France de pallier dans une certaine mesure les manques budgétaires. Faire moins mais mieux, ralentir pour mieux accélérer.

Ce principe, qui combine simplification et sobriété, serait non seulement bénéfique sur le plan budgétaire, mais aussi sur le plan écologique, en prenant en compte l’impact environnemental des technologies basées sur l’IA.

Souveraine, sécurisée, éthique : ces qualificatifs se multiplient lorsqu’il s’agit de décrire les enjeux liés à l’intelligences artificielles. Toutefois, dans cette course effrénée à l’innovation et à l’automatisation, dont les promesses sont immenses, il est essentiel de s’interroger sur la pertinence et la nécessité de chaque projet. Faisons vite, certes, mais faisons bien.




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