Dell est plus connu pour son rôle de constructeur de PC que comme éditeur de logiciels ou prestataire de services. Mais Michael Dell a donné une impulsion pour que les revenus du groupe soient plus équilibrés. Sans doute avait-il perçu que le « cloud computing » et le marché naissant des tablettes (dans lequel Dell n’a jamais réussi à se positionner de manière forte) allait modifier en profondeur son activité de constructeur. En mars 2014, il fait par exemple l’acquisition de Statsoft, éditeur de Statistica, sans que l’on comprenne bien la stratégie sous-jacente.
Cette entrevue que Shawn Rogers a accordé à Decideo, nous permet de faire le point sur la stratégie de Dell et du groupe auquel Shawn Rogers est maintenant rattaché, autour de l’économie de la donnée, et du marché naissant de l’internet des objets.
Decideo : Après des années passées à analyser, commenter et critiquer parfois, les stratégies des grands éditeurs de logiciels dans le domaine de l’informatique décisionnelle, pourquoi avoir choisi de rejoindre « le côté obscur de la force » et les rangs d’un grand groupe informatique ? Et pourquoi avoir alors choisi Dell ?
Shawn Rogers : J’ai été nommé « Chief Research Officer » du groupe « Information Management » de Dell. Tout le monde connaît la division « hardware » de Dell, qui représente les racines de l’entreprise. La division « Information Management » regroupe les investissements significatifs de Dell ces dernières années dans le domaine du logiciel. Ces investissements permettent à Dell de présenter une proposition de valeur complète à ses clients. L’analyste indépendant que j’étais, pensait à l’époque que cette partie logiciel leur manquait. Ils ont donc maintenant une offre complète, matériel, services et logiciels. Je pense que c’est une bonne stratégie. Un de nos principaux challenges actuellement est de le faire savoir; de faire comprendre à nos clients et prospects que nous ne sommes pas qu’une entreprise « hardware ». Un des dirigeants de Dell expliquait récemment que Dell est maintenant le 15ème éditeur mondial de logiciels, mais, en effet, la plupart des gens ne le savent pas. Notre offre est composée de logiciels systèmes qui permettent de gérer les centres de données, les réseaux, la sécurité, et dans le groupe auquel j’appartiens, Information Management, nous proposons une offre de collecte, de gestion et d’analyse de données. Nous intégrons par exemple les solutions de Quest racheté par Dell. Pour l’intégration de données et l’intégration d’applications, nous avons notre propre solution, Boomi. Et pour la partie analytique, Dell a racheté en mars 2014, la société Statsoft et son produit Statistica, qui compte 1 million d’utilisateurs dans le monde. Notre offre est donc complète, et est adaptée à notre cible principale, les entreprises moyennes.
Je pense que, pour moi, c’est à la fois une bonne opportunité et un challenge, de rejoindre Dell à cet instant. J’aime dire que je suis rentré dans la plus grosse des startups ! C’est tout à fait cela. Une société qui réalise 60 milliards de dollars de chiffre d’affaires, mais détenue par Michael Dell et ses investisseurs; C’est vraiment une très bonne expérience.
Comment s’explique ce rachat de Statsoft, alors que Dell n’est pas présent dans le domaine de la Business Intelligence ? Et que Dell aurait pu racheter une entreprise bien plus importante.
Je crois que Dell a compris que de nombreux éditeurs répondent déjà très bien à ce besoin d’analyse des données historiques, pour montrer à une entreprise ce qui s’est passé, analyser l’historique. Plutôt que de rentrer sur ce marché, en développant ou en rachetant très cher une solution, Dell a choisi de sauter à l’étape suivante, et d’aller directement vers l’analytique avancée. Et de ne pas se limiter aux Data Scientists, PhDs, statisticiens, mais de rendre ses solutions accessibles aux gestionnaires, même s’ils n’ont pas d’expertise pointue en statistique. Ils n’en ont pas moins besoin d’analyser leurs données et de « consommer » de l’analytique avancée.
Et quand vous combinez l’analytique avancée avec les gros volumes de données - nous avons un partenariat avec Cloudera par exemple -, avec l’internet des objets, l’analyse prédictive joue un rôle très important dans ces nouvelles solutions. Oui, je crois que nous avons les briques de base nécessaires à la construction d’une solution, et que les solutions de Statsoft, mais aussi de Kitenga Analytics, une autre de nos acquisitions, apportent vraiment ce qu’il faut pour que les responsables opérationnels puissent consommer de l’analyse de données. Je passe 60 % de mon temps sur ces aspects marketing et de stratégie produit, pour faire connaître cette offre.
Concernant le choix de Statsoft, nous sommes partenaires de beaucoup de ces grands éditeurs de BI traditionnelle. Je pense que c’est l’agilité et la flexibilité de Statsoft qui ont été des critères importants de choix dans son rachat.
Les entreprises aujourd’hui, ont des architectures de données hybrides. Elles ont des entrepôts de données, des magasins de données, sur le cloud, en interne, dans des “appliances”, etc. L’objectif est de placer ses données, au bon moment, au bon endroit, pour optimiser le travail d’analyse; vous devez être agile, et votre architecture doit l’être aussi. De grands fournisseurs comme SAP, IBM ou Microsoft, font un bon travail en rendant leurs offres plus agiles, mais je crois que Dell a pris de l’avance dans ce domaine. Et notre écosystème est très ouvert, nous pouvons travailler avec tout le monde.
Quels sont les « clients » de Dell ? Les racines de Dell, la partie « hardware », font que Dell est certainement « acheté » par les responsables informatiques. Mais aujourd’hui l’analytique avancée dont vous parlez, est le sujet des responsables de lignes d’affaires, qui ne connaissent pas vraiment Dell comme fournisseur. Comment les toucher et les convaincre ?
Comme vous le savez, les départements informatiques subissent de plus en plus de pression de la part des lignes d’affaires, leurs clients internes, pour que les solutions mises en place répondent à leurs besoins. Avant que notre offre logicielle ne soit réellement développée, cela pouvait être un enjeu pour Dell. Mais maintenant que nous proposons à la fois du matériel, du logiciel et du service, nous pouvons aider les départements informatiques à mieux répondre à leurs clients internes, et ce tout particulièrement dans les domaines innovants de l’analytique avancée, des données volumineuses et de l’internet des objets.
Dans le même temps, nous constatons que les départements finance, marketing, ventes, commencent à disposer de leurs propres budgets, et lancent leurs propres projets.
Pour Dell, cela signifie que nous devons aller chercher ces personnes, les informer; notre organisation commerciale le fait, et Dell le fait.
En matière de données volumineuses, les départements informatiques restent en première ligne. Ils comprennent ce qu’est Hadoop, Pig, etc. Puis les cas pratiques apparaissent, en provenance des lignes d’affaires. C’est aussi le cas dans le domaine émergent de l’internet des objets. Une récente étude de EMA souligne que 48 % des répondants considère le sujet de l’Internet des objets comme important.
En ce qui concerne l’internet des objets, quels sont les liens avec l’analytique, et comment Dell se positionne-t-il ?
La position de Dell est intéressante, justement parce que nous fabriquons des appareils. Et l’internet des objets ajoute cette dimension « objet » et donc « matériel ». Notre compétence est donc encore plus complète que celle de nos concurrents. Personne n’investit dans ce domaine si ce n’est pour analyser des données. Notre offre d’analytique avancée autour de Statistica est donc parfaite pour construire une stratégie IoT. En parallèle, je participe à un groupe de travail interne chez Dell. Nous construisons la stratégie de la compagnie dans ce domaine. Il y a des participants venant de chaque division de l’entreprise. Et nous faisons en sorte que l’ensemble de nos compétences collaborent et créent de la valeur.
Cette entrevue que Shawn Rogers a accordé à Decideo, nous permet de faire le point sur la stratégie de Dell et du groupe auquel Shawn Rogers est maintenant rattaché, autour de l’économie de la donnée, et du marché naissant de l’internet des objets.
Decideo : Après des années passées à analyser, commenter et critiquer parfois, les stratégies des grands éditeurs de logiciels dans le domaine de l’informatique décisionnelle, pourquoi avoir choisi de rejoindre « le côté obscur de la force » et les rangs d’un grand groupe informatique ? Et pourquoi avoir alors choisi Dell ?
Shawn Rogers : J’ai été nommé « Chief Research Officer » du groupe « Information Management » de Dell. Tout le monde connaît la division « hardware » de Dell, qui représente les racines de l’entreprise. La division « Information Management » regroupe les investissements significatifs de Dell ces dernières années dans le domaine du logiciel. Ces investissements permettent à Dell de présenter une proposition de valeur complète à ses clients. L’analyste indépendant que j’étais, pensait à l’époque que cette partie logiciel leur manquait. Ils ont donc maintenant une offre complète, matériel, services et logiciels. Je pense que c’est une bonne stratégie. Un de nos principaux challenges actuellement est de le faire savoir; de faire comprendre à nos clients et prospects que nous ne sommes pas qu’une entreprise « hardware ». Un des dirigeants de Dell expliquait récemment que Dell est maintenant le 15ème éditeur mondial de logiciels, mais, en effet, la plupart des gens ne le savent pas. Notre offre est composée de logiciels systèmes qui permettent de gérer les centres de données, les réseaux, la sécurité, et dans le groupe auquel j’appartiens, Information Management, nous proposons une offre de collecte, de gestion et d’analyse de données. Nous intégrons par exemple les solutions de Quest racheté par Dell. Pour l’intégration de données et l’intégration d’applications, nous avons notre propre solution, Boomi. Et pour la partie analytique, Dell a racheté en mars 2014, la société Statsoft et son produit Statistica, qui compte 1 million d’utilisateurs dans le monde. Notre offre est donc complète, et est adaptée à notre cible principale, les entreprises moyennes.
Je pense que, pour moi, c’est à la fois une bonne opportunité et un challenge, de rejoindre Dell à cet instant. J’aime dire que je suis rentré dans la plus grosse des startups ! C’est tout à fait cela. Une société qui réalise 60 milliards de dollars de chiffre d’affaires, mais détenue par Michael Dell et ses investisseurs; C’est vraiment une très bonne expérience.
Comment s’explique ce rachat de Statsoft, alors que Dell n’est pas présent dans le domaine de la Business Intelligence ? Et que Dell aurait pu racheter une entreprise bien plus importante.
Je crois que Dell a compris que de nombreux éditeurs répondent déjà très bien à ce besoin d’analyse des données historiques, pour montrer à une entreprise ce qui s’est passé, analyser l’historique. Plutôt que de rentrer sur ce marché, en développant ou en rachetant très cher une solution, Dell a choisi de sauter à l’étape suivante, et d’aller directement vers l’analytique avancée. Et de ne pas se limiter aux Data Scientists, PhDs, statisticiens, mais de rendre ses solutions accessibles aux gestionnaires, même s’ils n’ont pas d’expertise pointue en statistique. Ils n’en ont pas moins besoin d’analyser leurs données et de « consommer » de l’analytique avancée.
Et quand vous combinez l’analytique avancée avec les gros volumes de données - nous avons un partenariat avec Cloudera par exemple -, avec l’internet des objets, l’analyse prédictive joue un rôle très important dans ces nouvelles solutions. Oui, je crois que nous avons les briques de base nécessaires à la construction d’une solution, et que les solutions de Statsoft, mais aussi de Kitenga Analytics, une autre de nos acquisitions, apportent vraiment ce qu’il faut pour que les responsables opérationnels puissent consommer de l’analyse de données. Je passe 60 % de mon temps sur ces aspects marketing et de stratégie produit, pour faire connaître cette offre.
Concernant le choix de Statsoft, nous sommes partenaires de beaucoup de ces grands éditeurs de BI traditionnelle. Je pense que c’est l’agilité et la flexibilité de Statsoft qui ont été des critères importants de choix dans son rachat.
Les entreprises aujourd’hui, ont des architectures de données hybrides. Elles ont des entrepôts de données, des magasins de données, sur le cloud, en interne, dans des “appliances”, etc. L’objectif est de placer ses données, au bon moment, au bon endroit, pour optimiser le travail d’analyse; vous devez être agile, et votre architecture doit l’être aussi. De grands fournisseurs comme SAP, IBM ou Microsoft, font un bon travail en rendant leurs offres plus agiles, mais je crois que Dell a pris de l’avance dans ce domaine. Et notre écosystème est très ouvert, nous pouvons travailler avec tout le monde.
Quels sont les « clients » de Dell ? Les racines de Dell, la partie « hardware », font que Dell est certainement « acheté » par les responsables informatiques. Mais aujourd’hui l’analytique avancée dont vous parlez, est le sujet des responsables de lignes d’affaires, qui ne connaissent pas vraiment Dell comme fournisseur. Comment les toucher et les convaincre ?
Comme vous le savez, les départements informatiques subissent de plus en plus de pression de la part des lignes d’affaires, leurs clients internes, pour que les solutions mises en place répondent à leurs besoins. Avant que notre offre logicielle ne soit réellement développée, cela pouvait être un enjeu pour Dell. Mais maintenant que nous proposons à la fois du matériel, du logiciel et du service, nous pouvons aider les départements informatiques à mieux répondre à leurs clients internes, et ce tout particulièrement dans les domaines innovants de l’analytique avancée, des données volumineuses et de l’internet des objets.
Dans le même temps, nous constatons que les départements finance, marketing, ventes, commencent à disposer de leurs propres budgets, et lancent leurs propres projets.
Pour Dell, cela signifie que nous devons aller chercher ces personnes, les informer; notre organisation commerciale le fait, et Dell le fait.
En matière de données volumineuses, les départements informatiques restent en première ligne. Ils comprennent ce qu’est Hadoop, Pig, etc. Puis les cas pratiques apparaissent, en provenance des lignes d’affaires. C’est aussi le cas dans le domaine émergent de l’internet des objets. Une récente étude de EMA souligne que 48 % des répondants considère le sujet de l’Internet des objets comme important.
En ce qui concerne l’internet des objets, quels sont les liens avec l’analytique, et comment Dell se positionne-t-il ?
La position de Dell est intéressante, justement parce que nous fabriquons des appareils. Et l’internet des objets ajoute cette dimension « objet » et donc « matériel ». Notre compétence est donc encore plus complète que celle de nos concurrents. Personne n’investit dans ce domaine si ce n’est pour analyser des données. Notre offre d’analytique avancée autour de Statistica est donc parfaite pour construire une stratégie IoT. En parallèle, je participe à un groupe de travail interne chez Dell. Nous construisons la stratégie de la compagnie dans ce domaine. Il y a des participants venant de chaque division de l’entreprise. Et nous faisons en sorte que l’ensemble de nos compétences collaborent et créent de la valeur.
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