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D’une brève histoire de l’avenir aux 300 propositions de Jacques Attali


Rédigé par Michel Bruley le 27 Février 2008

Dans son livre « Une brève histoire de l’avenir » Jacques Attali esquisse différents scénarios pour les soixante prochaines années. S’exonérant du lieu commun qui stipule que l’on ne peut prédire le futur à partir du passé, le premier tiers de ce livre est consacré à une intéressante revue des civilisations de l’ancienne Egypte, des dynasties Chinoises, du Bassin Méditerranéen, du Moyen Age Européen, de l’Inde et du Moyen Orient.



D’une brève histoire de l’avenir aux 300 propositions de Jacques Attali
Du passé il constate différents faits, comme la constante importance des pouvoirs religieux, militaire et marchand, ou l’apport d’avancées technologiques dans le succès de certaines civilisations ou pays, comme par exemple l’utilisation du cheval pour l’Asie, le gouvernail d’étambot pour l’Europe, l’imprimerie pour Anvers, la machine à vapeur pour Londres, le pétrole + le moteur à explosion + l’automobile pour la côte Est des Etats-Unis d’Amérique. Le livre montre le fonctionnement de différents cœurs économiques successifs, de Bruges à partir de 1200, à Los Angeles à partir de 1980, en passant par Venise, Anvers, Amsterdam, Londres, Boston, New York. Il décrit le fonctionnent des équilibres de marché, la naissance du capitalisme, la mondialisation et plus récemment l’influence croissante d’Internet et des possibilités de nomadisme pour les relations sociétales et les nouvelles formes de travail.

Pour le futur il projette son lecteur dans des avenirs plus ou moins inquiétants qui sont tous HYPER quelque chose. « L’Hyperempire » qui voit la logique de marché et ses règles impitoyables arriver à tout marchandiser : le temps, le corps, etc. « L’hyperconflit » avec des chocs armés des cultures, des religions, une lutte pour les ressources de la planète, des mafias, des cartels, des criminels en col blanc utilisant des moyens « d’hypersurveillance ». Avec aussi un scénario plus positif, « l’hyperdémocratie » et la construction de l’avenir par des humains rassemblés. Quant à l’avenir de la France dans tout cela, il constate qu’elle est en train de perdre pied et que trop souvent les responsables se comportent de façon démagogique, suivant l’idée que « La France est assez riche pour sombrer lentement ». N’étant pas lui-même dans cet état esprit, il a présidé une commission qui a fait plus de 300 propositions pour relancer la croissance.

Ce que je retiens de ce livre que je recommande, c’est que même si ce n’est pas avec un rétroviseur que l’on peut prévoir l’avenir, il convient toujours de se retourner pour voir d’où l’on vient. Caractériser le présent, se comparer au passé, induire des avenirs possibles, c’est la démarche que les systèmes décisionnels cherchent à supporter, c’est le quotidien des utilisateurs de systèmes décisionnels. Comme les dirigeants d’une entreprise, ceux qui nous gouvernent, ont besoin d’entrepôts de données pour appréhender les problèmes et pour benchmarker les situations qu’ils constatent, comme par exemple dans les cas ci-dessous :

Economie
La population Française représente 1% de la population mondiale et 3% du PIB mondial. Mais alors que la croissance mondiale dépasse les 4%, celle de la France peine à atteindre les 2%. La France qui était la 8eme en PIB par habitant en 1980 est à la dix neuvième aujourd’hui.

La France travaille moins que les autres : elle ne compte que 18 millions d’actifs sur 65 millions d’habitants ; la durée annuelle de travail y est de 1600 heures, la plus basse du monde (à égalité avec l’Allemagne), alors qu’elle est aux USA et au Japon de 1810 heures. La productivité globale du travail baisse en France depuis l’an 2000. Le Français qui produit encore 5% de plus par heure travaillée qu’un Américain, produit 35% de moins au long de sa vie active.

Les produits français ne suivent pas autant qu’ils devraient les évolutions de la demande mondiale ; le solde extérieur, en baisse constante, négatif depuis 2004, dépasse 0,5% du PIB en 2006. Les chercheurs représentent 0,9% de la population active aux USA ou au Japon (dont 83% dans le privé), ils ne sont plus que 0,6% en France (dont seulement 40% dans le privé). Les Français déposent deux fois moins de brevets industriels que les Allemands ou les Suédois.

Education
35% des 25-64 ans en France n’ont pas atteint le second cycle de l’enseignement secondaire, contre 27% en Allemagne, 16% au Japon ou au Royaume-Uni et 13% aux Etats-Unis. 15% des élèves sont en grande difficulté au sortir de l’enseignement primaire. 60 000 jeunes venant pour l’essentiel de quartiers « sensibles » sortent chaque année du système éducatif sans aucune qualification.

Endettement
Les dépenses publiques et les impôts augmentent beaucoup plus vite que la production. Le déficit budgétaire annuel est constamment au-dessus de 3% du PIB depuis 15 ans. En conséquence la dette publique qui représentait 35% du PIB en 1991 est passée à 67% en 2006. Si rien n’est fait pour réduire la croissance de la dette elle représentera 80% du PIB en 2012 et 130% en 2020.

D’une brève histoire de l’avenir aux 300 propositions de Jacques Attali
Pour aller plus loin vous pouvez lire :
« Une Brève Histoire de l’Avenir » de Jacques Attali aux éditions Fayard,
« 300 décisions pour changer la France » J. Attali, Collectif – commission pour la libération de la croissance française, éditeurs XO, la Documentation Française.




Commentaires

1.Posté par Jim Michel le 03/03/2008 09:26
J'ai écouté le débat l'autre soir sur FR3 entre J. Attali, J. De Ronay et trois autres interlocuteurs. Débat d'un très bon niveau. Ce que vous dites sur son dernier bouquin est soit volontairement "hyperréducteur" soit vous n'y avez consacré qu'une demi-heure à le lire avant d'écrire cet article. Les grands points qu'Attali a réussi a brièvement commenter (le marché vs nos libertés, l'influence prépondérante des assurances dans le futur, les développements en Inde et en Chine, le déclin américain, etc) ne s'y retrouve pas. Et je cite de mémoire car je n'ai pas encore acheté le livre. Quand un génie passe des mois voire des années à réfléchir sur un sujet particulièrement complexe, il est désolants que d'autres ne se donnent pas la peine de passer quelques semaines à y réfléchir avant de publier leurs commentaires.
M'enfin, c'est ça l'air du temps...vite, vite...

2.Posté par Michel Bruley le 04/03/2008 09:40

Si je comprends bien, contrairement à moi vous n’avez pas lu le livre et vous vous permettez de commenter mes propos. Vous êtes vraiment dans l’air du temps.

Comme je le dis dans l’article, je recommande de lire ce livre dont je n’ai pas cherché à faire un résumé, n’indiquant que ses grandes parties 1/3 consacré au passé er 2/3 à des scénarios. J’ai ensuite essayé de montrer combien les données comparatives sont nécessaires à la réflexion de ceux qui nous gouvernent.


3.Posté par L'oracle de delfe le 14/03/2008 13:47
mais quel rapport entre le décisionnel et le livre de jacques Attali

c'est pas du lieu commun c'est de la rubrique fourre tout.

un peu comme les datawarehouses des clients teradata. On a de la puissance et des machines alors on fait tout et n'importe quoi.

4.Posté par Philippe NIEUWBOURG le 14/03/2008 18:38
@ Christophe Bex (L'oracle de Delfe)
Je vous trouve un peu dur...
1) il me semble que la liberté d'expression est un acquis de notre civilisation... il serait dommage de la brider.
2) même si, pour une fois, on ne parle pas ici de MOLAP, ROLAP, DOLAP, XOLAP ou HOLAP... peut-être peut-on de temps à autre prendre un peu de recul... Derrière le décisionnel, il y a des prises de décision, donc des décisions à prendre, par des décideurs... et toutes les décisions ne sont pas opérationnelles, elles peuvent être politiques. Le rapport en question propose de prendre 300 décisions ! Il me semble que cela méritait une page dans Decideo...

5.Posté par david C le 26/03/2008 14:59
Il est vrai que nos applications décisionnelles, meme les plus évoluées, s'appuient sur des informations historiques. Meme si le passé ne préjuge pas du futur (comme le disent les OPCVM...), la connaissance du passé est un outil fondamental dans la prise de décision, pour au moins deux raisons :
--> la décision doit parfois etre prise par rapport à un évenement,
--> le décideur s'appuie sur son expérience (son passé) pour choisir la voie qu'il empruntera dans l'avenir.
Et puis pour une fois qu'un article nous sort de notre quotidien (mon produit, mes performances, mes projets....)

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