Actualités : analyse de données, Business Intelligence, Data Science, Big Data


Les représentants des salariés Business Objects choqués par le comportement de SAP


Rédigé par par Philippe Nieuwbourg le 2 Février 2009



Pierre THIOLLET, Délégué CFDT chez SAP Business Objects
Pierre THIOLLET, Délégué CFDT chez SAP Business Objects
Alors que SAP a annoncé la semaine dernière des résultats en légère baisse et surtout un plan de suppression de 3000 postes, les salariés « rachetés » de Business Objects comptent bien défendre leurs emplois et les conditions de leur éventuel départ. Mais au-delà des considérations individuelles, Pierre THIOLLET, Délégué CFDT chez SAP Business Objects, conteste le réel succès de l’intégration entre les deux sociétés et dénonce une main-mise et une centralisation germanique sur l’éditeur de logiciels décisionnels, tout comme les 3000 licenciements qu’il qualifie de « boursiers ».

« Nous avons été extrêmement choqués par le comportement du groupe SAP », proclame Pierre THIOLLET, Délégué syndical CFDT chez SAP Business Objects. « La grogne était déjà là avant la crise, avec des plans de réorganisation en cours pour lesquels nous réclamions des mesures d’accompagnement. Mais depuis la fusion opérationnelle entre SAP et Business Objects, nous n’avons plus aucun interlocuteur ». Il semble en effet que, réalisée du point de vue opérationnel, la fusion entre les deux sociétés françaises n’a pas encore été traduite du point de vue juridique. Face à un plan social les deux entités restent donc indépendantes, mais difficile alors pour les représentants des salariés de trouver un interlocuteur pour négocier. Le service ressources humaines de Business Objects n’est plus composé que d’une seule personne en charge des procédures administratives, le seul interlocuteur juridique étant Hervé Couturier, directeur de la R&D de Business Objects et devenu responsable mondial de l’entité NetWeaver de SAP. « Pascal RIALLAND n’a jamais voulu entendre parler de nous, nous n’avons aucun interlocuteur chez SAP. Nous ressentons un véritable mépris de sa part », explique Pierre THIOLLET. Certes un directeur des ressources humaines par interim aurait été missionné pour trois mois, Hervé MECHIN, mais sa mission précédente, chez Metaleurop, fait craindre le pire aux salariés concernés par le plan de licenciements.

C’est tout d’abord le principe même de la nécessité de ce plan de supression de postes que critiquent les représentants des salariés. Alors que l’entreprise a réalisé 1,9 milliards d’euros de bénéfice en 2008, ils estiment ces économies totalement inutiles, si ce n’est pour faire plaisir aux actionnaires. « Les grands groupes comme SAP ont une responsabilité morale, vis à vis de leurs salariés, de leurs clients et des citoyens. Alors que l’entreprise va distribuer 550 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires, elle provisionne 300 millions d’euros de charges liées à ces 3000 suppressions de postes. D’ailleurs, est-ce bien responsable que de provisionner 300 millions d’euros de charge en 2009 pour atteindre une économie de charges du même montant seulement en 2010 ? ». Une réflexion qui fait penser à notre interlocuteur que ce plan n’est en réalité qu’une première étape.
La grande crainte des dirigeants de SAP serait en réalité une baisse du cours de l’action qui rendrait l’entreprise vulnérable à un rachat, par IBM par exemple. Même si aucun chiffre officiel n’a été annoncé, les représentants syndicaux de Business Objects s’attendent à une centaine de postes supprimés en France, dont une soixantaine toucheraient d’anciennes équipes Business Objects. « Parmi les managers commerciaux de Business Objects, les trois-quarts n’ont plus d’équipe commerciale à manager. On leur propose un simple poste d’ingénieur d’affaires. Ces suppressions de postes auront un impact sur le commercial mais nous attendons aussi des suppressions à la R&D et sans doute au consulting. La profitabilité des consultants ex-Cartesis est moins bonne que celle des consultants SAP, je ne serais pas étonné que cela ait un impact ».
Pascal RIALLAND avait défendu la semaine dernière dans nos colonnes une « attrition naturelle » qui permettrait de couvrir la majorité des suppressions de postes envisagées. Un argument réfuté par Pierre THIOLLET qui aurait connaissance d’une vingtaine de démissionnaires chez SAP, mais pense que la crise actuelle et la perspective de conditions de départ négociées vont rapidement tarir ce flux.

Sur la méthode ensuite. L’annonce du plan a gelé l’ensemble des réorganisations en cours, en particulier sur le plan commercial. « Le premier trimestre 2009 risque d’être catastrophique car certains découpages de territoires commerciaux ne sont toujours pas définis. Ce qui devait se mettre en place au 31 janvier a été reporté au 31 mars ». L’objectif de cette prise de parole pour le délégué syndical CFDT est de sensibiliser les salariés et la direction à l’urgence de l’ouverture de discussions. « Nous demandons en premier lieu qu’un interlocuteur soit missionné pour dialoguer et aborder l’ensemble des sujets liés aux conditions de travail, d’organisation et à ce plan de réduction d’effectifs. Nous voulons obtenir les informations que nous sommes en droit d’attendre. Nous ne sommes pour l’instant pas procéduriers, mais nous pourrions attaquer deux fois par semaine la direction pour délit d’entrave ! », menace-t-il à demi-mots.
Néanmoins ce manque évoqué de considération de la direction envers les représentants syndicaux s’explique sans doute aussi par le faible engagement des salariés dans la défense de leurs droits. « Les salariés sont très individualistes et ne savent pas réagir collectivement. Nous n’avons qu’une faible capacité de mobilisation, même si lors du dernier débrayage, nous avons réussi à faire descendre symboliquement 150 salariés dans la cour de l’immeuble de Levallois. Mais nous avons tout de même plus de la moitié des salariés qui votent aux élections du comité d’entreprise, cette entité est donc parfaitement légitime ».
Premier objectif pour Pierre THIOLLET, restreindre au maximum le nombre de suppressions de postes chez SAP Business Objects, pour poursuivre le travail au service de l’entreprise dans de bonnes conditions. Puis contraindre la direction à mettre un maximum de moyens sur le reclassement des personnels licenciés, par exemple avec l’intervention d’un cabinet d’outplacement. « chez SFR, nos collègues licenciés sont restés salariés de l’entreprise jusqu’à ce qu’ils aient obtenu un poste ailleurs », suggère-t-il.

Mais les salariés de SAP sont-ils vraiment à plaindre ? Le secteur des nouvelles technologies ne se porte-t-il pas indécemment bien, comparés à d’autres secteurs durement touchés par la crise ? Avec un salaire moyen annuel de 60 KEuros, les salariés Business Objects ne semblent pas les plus vulnérables. « La souffrance au travail ne dépend pas du salaire ! Quand vous êtes dans une équipe projet qui bouge en permanence, que vous êtes soumis à une rentabilité à outrance, que vous avez des problèmes d’organisation pratique, de partage de bureau, que l’on vous refuse un minimim d’identité... tout cela n’est pas réservé aux petits salaires. L’exemple du TechnoCentre de Renault est malheureusement présent dans les esprits ». Même si les délégués représentent l’ensemble des salariés, ils tenteront bien entendu d’obtenir des conditions plus favorables aux salariés plus modestes, comme par exemple une prime fixe, non indexée sur le salaire.

Les prochains mois s’annoncent donc difficiles, chez SAP Business Objects comme sans doute chez d’autres grands acteurs du marché qui ont eux-aussi annoncé des plans de réduction d’effectifs qui doivent encore être déclinés dans chaque pays.




Commentaires
Du plus récent au plus ancien | Du plus ancien au plus récent

14.Posté par Golf94 le 05/02/2009 10:08
Apres voir lu l'article et l'ensemble des commentaires postes, je voudrais juste rappeler les conditions d' "integration" de Cartesis par BO et notamment a l'etranger... les consequences directes sur les ventes, l'impact sur l'activite des services, le support client, les "RH" (!!!), l'informatique... et pour finir le nombre de clients TRES mecontents qui explosait. Une integration...
Bref. Aujourd'hui, en ce qui me concerne, je trouve que la situation s'est amelioree avec SAP et j'espere qu'elle continue dans cette voie.
Le mangeur a ete mange... la digestion est en cours.

13.Posté par Philippe Nieuwbourg le 04/02/2009 16:41
@ tous les commentateurs potentiels...

Comme je sens que ce fil de débat va me générer du travail pendant les prochains jours, je précise quelques points :
- les commentaires passent tous par ma validation
- les commentaires anonymes sont automatiquement supprimés. Vous pouvez saisir des initiales ou un pseudo dans le nom, mais si l'email saisi est fantaisiste ou faux (je vérifie bien sur) le message ne sera pas publié. Si vous avez quelque chose à dire, dites le à visage découvert, sinon gardez le pour vous.
- évitez les commentaires qui n'apportent rien, qui diffament, qui ne apportent que de la rancoeur... privilégiez une discussion constructive et à base de propositions plus que de critiques.

Pour info, j'ai validé 11 commentaires à ce jour et j'en ai supprimé au moins autant, donc certains qui se croyaient sur un skyblog...

12.Posté par Rémy Chambard le 04/02/2009 15:49
Avant d'être chez SAP j'ai été pris dans 3 rachats successifs. Je n'avais jamais vu une direction aussi anxieuse à l'idée d'un éventuel rachat que celle de SAP. Comme je l'ai déjà écrit en interne, ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas qu'on vous fasse.
Mais dans un rachat, la gestion des respectueuse des hommes passe par une information claire et complète, et des périodes d'incertitude les plus courtes possibles. Or SAP prend beaucoup trop de temps pour décider à un niveau trop global, laissant les salariés dans le brouilard.
Rémy Chambard Délégué syndical CFDT

11.Posté par Pierre Thiollet le 04/02/2009 15:03
je ne comprends pas très bien les propos de J&B et surtout de TT qui semble m'assimiler à la direction de BOBJ...
J'aurais été ravi de pouvoir en discuter ailleurs que sur cette tribune publique, nous sommes dans la même entreprise et je suis disponible pour l'ensemble des salariés.
TT parle de "flot de commentaires sur une tribune publique" mais ne s'exprime que sur cette tribune publique et pas en interne et surtout s'exprime de façon anonyme. Un peu de courage ne ferait pas de mal.
Je tiens à dire que lors du PSE Cartesis, le CE BOBJ a, comme maintenant, fait tout son possible pour diminuer le nombre de licenciements et améliorer les conditions des salariés sans distinction d'appartenance. Mais nous sommes un CE, pas la direction, nous n'avons malheureusement pas le pouvoir d'empêcher la direction de licencier.
Je sens aussi dans ces propos une certaine jubilation revancharde qui me semble dommage dans le contexte actuel et déplacé quand elle s'adresse à des salariés ou des élus qui ne sont en rien responsables du rachat de Cartesis par BO ni de PSE qui a suivi...
Ne nous trompons pas d'ennemi...

10.Posté par TT le 04/02/2009 14:29
Entirement d'accord avec J&B - on repense à la lecture de tout ça au rachat de Cartesis par Bo ou, à moindre échelle bien sûr, nous sommes passés de promesses de lendemain merveilleux à des réorganisation et autre redéploiement sans trop de discussion ni d'écoute de la part de l'acquéreur.
Tout cela en parallèle d'un PSE ... comment on dit déjà ... c'est l'arroseur arrosé !!
Bref, le plus prodigieux dans tout ça c'est ce flot de commentaires sur une tribune publique ...

9.Posté par J & B le 04/02/2009 13:41
En complément des propos de Cartésis et en tant qu'ancien Cartésien, je ne me souviens effectivement pas avoir entendu avec autant de véhémence M. Thiollet par rapport au comportement de Business Objects lors de l'acquisition de Cartesis. Mais bon...

8.Posté par Urbain le 04/02/2009 10:11
Lors de l'annonce de l'acquisition par SAP de Business Objects, je me rappelle tous ces messages rassurant relatifs aux possibles comparaisons entre les deux cultures d'entreprises, à la synergie technologique et commerciale potentielle des produits...
Faisant partie de l'équipe commerciale d'un pays non francophone et intégré juridiquement à SAP (donc, dont Business Objects a disparu légalement), et après une diminution de la force de vente BOBJ, nous nous sommes vus devenir des "overlay" sales (autant dire la huitième roue du carosse) et nos objectifs de vente ont doublé, voire triplé.
Les clients ont expérimenté d'énormes problèmes pour accéder au support, pour obtenir du service et même pour acheter des licences. Criant mon désarroi face aux multiples problèmes(sans compter les problèmes d'intégration des systèmes et des process), je n'ai trouvé aucun interlocuteur, aucune assistance, et les seules réponses trouvées étaient :"on ne peut rien faire", "c'est comme ça", "tu es chez SAP maintenant", "vous avez été racheté, c'est vous qui devez vous adapter"...
Las de me faire harponner par les clients furieux, de subir les pressions de toutes parts et sachant mon poste menacé au vu de la synergie commerciale "négative" exercée par SAP, j'ai démissioné et suis parti vers d'autres horizons(j'ai pris mes responsabilités).
Je ne suis pas du genre à cracher dans la soupe mais cette intégration est, à mon sens, un échec total, du point de vue humain, technologique et commercial... SAP est une machine ou la communication est unilatérale, du haut vers le bas, mais jamais du bas vers le haut, et c'est sans aucun doute quelque chose qui devra changer si SAP veut subsister dans un monde ultra-concurrentiel.

7.Posté par Pierre Thiollet le 04/02/2009 10:07
@Perrier
La lecture du Bilan Social 2007 sur le site du CE de BOBJ comporte pas mal d'informations en matière de rémunérations. Malheureusement pas les médianes malgré nos demandes répétées.
Il n'y a pas les chiffres uniquement de la R&D mais vu la masse que représente la R&D, la moyenne n'est pas si différente que ça. La médiane est évidemment inférieure mais de guère plus de 5K annuels. Pour les cadres, on voit surtout un écart très important entre les positions 2 et 3

6.Posté par Cartesis le 04/02/2009 10:00
En tant qu'ancien Cartesien, nous avons déjà vécu ce qui est en train de se reproduire et cette fois-ci Business Object n'est plus du bon côté, les rôles sont quelque-peu inversés.

Donc de notre côté, nous sommes rôdés...

5.Posté par Perrier le 03/02/2009 13:37
http://www.lostinbrittany.org/blog/2008/05/26/salaire-moyen-vs-salaire-median/

1 2
Nouveau commentaire :
Twitter

Vous pouvez commenter ou apporter un complément d’information à tous les articles de ce site. Les commentaires sont libres et ouverts à tous. Néanmoins, nous nous réservons le droit de supprimer, sans explication ni préavis, tout commentaire qui ne serait pas conforme à nos règles internes de fonctionnement, c'est-à-dire tout commentaire diffamatoire ou sans rapport avec le sujet de l’article. Par ailleurs, les commentaires anonymes sont systématiquement supprimés s’ils sont trop négatifs ou trop positifs. Ayez des opinions, partagez les avec les autres, mais assumez les ! Merci d’avance. Merci de noter également que les commentaires ne sont pas automatiquement envoyés aux rédacteurs de chaque article. Si vous souhaitez poser une question au rédacteur d'un article, contactez-le directement, n'utilisez pas les commentaires.


Twitter
Rss
LinkedIn
Facebook
Apple Podcast
App Store
Google Play Store