Le CEO et fondateur de Roambi n’est pas un américain de souche, mais un colombien ?
Santiago Beccera, CEO et fondateur de Roambi
Effectivement!! Il s’agit de Santiago Becerra, un bogotain, ingénieur système, qui a obtenu son diplôme à l’Universidad de Los Andes. Il décide il y a 30 ans de quitter son pays pour les États-Unis et y obtenir un master en gestion d’affaires. Auparavant, il avait travaillé chez IBM et chez Exxon Mobil dans le domaine de l’informatique. Son parcours nord-américain commence à Boston comme consultant en gestion. Quand le secteur technologique commence à se développer, il décide de créer sa propre entreprise. « J’ai découvert que l’entrepreneuriat est ma passion, la création de nouvelles entreprises, des idées fraiches, aller chercher de nouvelles applications tout en regardant du coté de l’utilisateur. C’est une des particularités des entreprises que j’ai créé». Ses trois entreprises, Graphical Information, Infomersion et Roambi, sont focalisées sur la visualisation de données, et donc l’intelligence d’affaires.
Trois entreprises dédiées à la visualisation de données?
Graphical Information, est née en premier. Son siège social était à Miami, et curieusement, la majorité de la R&D était basée en Colombie. L’entreprise a été vendue à Oracle en 1999, son produit fait aujourd’hui partie de la suite BI d’Oracle. « J'ai pris ma retraite pendant deux mois et j'ai constaté que le golf n’était pas fait pour moi ! Je n'arrêtais pas de penser à de nouvelles idées de logiciels et c'est comme ça que j'ai décidé de lancer une autre société. J'ai déménagé de Miami vers la Californie et j'ai créé la compagnie appelée Infomersion ». Cette deuxième entreprise développe alors le logiciel Xcelsius. Elle a été acquise par Business Objects (puis donc reprise par SAP) et Xcelsius est utilisé aujourd’hui par de nombreux clients SAP, même si la technologie Flash sous-jacente n’est plus vraiment à l’état de l’art; et SAP a développé de son côté « Visual Intelligence », rebaptisé « Lumira » qui viendra petit à petit remplacer Xcelsius. Lorsqu’il a vendu sa deuxième compagnie, Santiago Becerra a tenté de nouveau de prendre sa retraite et de profiter de l’argent gagné, cette fois en prenant des leçons de violon, mais il reconnait s’être lui-même rendu compte de son manque de talent en la matière... Il est alors retourné vers sa passion initiale, pour créer une troisième société, Mellmo, que l’on appelle plus facilement du nom de son produit, Roambi.
Est-ce que Roambi a été créée par hasard?
« Franchement, l’idée de Roambi m’est venue par hasard pendant un congé que j’ai pris pour réfléchir à d'autres possibilités », explique-t-il. C’était pendant l’été 2007 à Los Angeles; Santiago Beccera allait rendre visite à sa fille; en passant devant une foule de gens et ne sachant pas ce qui se passait, il se renseigne… C’était la première journée de vente des nouveaux iPhones ! « Je suis allé tranquillement à la fin d'une ligne de quatre blocs. Le soir, je suis sorti avec le premier téléphone iPhone, très excité, j’ai commencé à « jouer ». Cette nuit-là, je ne pouvais pas dormir, en réfléchissant aux possibilités que ce nouveau paradigme de visualisation ouvrait à l’industrie ». La nouvelle société est née officiellement en janvier 2008 avec pour objectif de révolutionner la façon dont les gens interagissent avec les informations, en allant au-delà de la Business Intelligence traditionnelle.
Qu'est-ce que Roambi ?
«Roambi un outil utilisé pour consommer et comprendre des données, ainsi que pour communiquer aux autres quelle histoire est cachée derrière ces données», explique Santiago Becerra. La solution aura, en janvier 2014, déjà 6 ans d’histoire. Elle permet de créer des visualisations qui trouvent leurs sources non seulement dans les systèmes d'information décisionnels, mais aussi dans les informations non structurées des entreprises, « environ 95% de l'information circule d'une manière non structurée à travers des supports qui ne sont pas pris en compte dans la définition formelle de la Business Intelligence, comme des feuilles Excel, des documents PDF, des présentations PowerPoint, c'est-à-dire une quantité d'informations qui ne sont pas organisées ou contrôlées par des systèmes BI ».
Quels sont les facteurs de succès qui ont poussé Roambi sur le marché?
L’expérience utilisateur représente le facteur le plus important, car l’outil est orienté vers les utilisateurs métiers. C’est pour cela que Roambi cherche à développer une solution simple, utilisable sans même qu’une formation préalable de l’utilisateur ne soit pas nécessaire. « Notre design est basée sur trois principes : créer une application simple, intuitive et très attrayante afin que l’utilisateur veuille de lui-même continuer à naviguer dans l’information, en suivant les principes de conception utilisés par Apple». Roambi est une société qui conçoit ses outils en se basant sur la philosophie de l'industrie du jeu vidéo; ce que l’on appelle en anglais la « gamification » ou « ludification » en bon français. Une bonne partie des ingénieurs de la société provient de ce secteur, des développeurs de jeux vidéo qui servent maintenant la visualisation des données. « Je dis à mes ingénieurs que si l’on a besoin de former les utilisateurs finaux avant qu’ils ne puissent utiliser nos outils, alors c’est que nous n’avons pas conçu des outils assez simples ». C'est ce qu'il a ressenti le jour où il a acheté son premier iPhone, un fonctionnement très intuitif, si intuitif qu’en quelques minutes il est parvenu à en devenir un utilisateur opérationnel.
Dans quels secteurs d’activités est utilisée la solution Roambi?
« Les profils d'utilisation sont très variés, le potentiel de Roambi est pratiquement illimité sur le marché des applications mobiles », précise Santiago. Comme Blackberry lors de son lancement à la fin des années 90, Roambi a positionné stratégiquement cette facilité d’utilisation de l'application auprès des directions générales. « Son utilisation débute à la direction générale qui consulte de l’information globale sur les résultats puis la distribue aux principaux dirigeants de la société, afin qu’ils soient informés sans délai et incités à consommer et à partager, puis à continuer ainsi à diffuser dans les différentes succursales ». C’est donc au travers d’une vente stratégique à la direction générale que Roambi assoie sa position et facilite ensuite la diffusion auprès des autres clients internes de l’organisation.
Que pensez de l'utilisation des applications Windows sur les téléphones mobiles, Microsoft semble avoir totalement raté ce marché, qu'en pensez-vous?
« Jusqu'à présent, ça n'est pas bien passé; si vous regardez les statistiques de pénétration de ces appareils mobiles, elles ne sont pas très bonnes. C’est vraiment Apple qui a donné le coup d’accélérateur à ce marché et les autres appareils ont des parts de marché très faibles. C'est un marché extrêmement dynamique et agile». Présent uniquement sur la plateforme Apple, Roambi ne s'inquiète pas du nombre d'utilisateurs de Windows Phone ni de la croissance potentielle du marché de ce système d'exploitation.
Qu'est-il arrivé à Roambi en Europe, pourquoi avoir du réduire le nombre de ses employés, si la demande est en si forte croissance ?
La société a constaté que, stratégiquement, la meilleure façon de répondre à la demande était de se concentrer sur la création d'un réseau de partenaires à travers le monde, plutôt que de vendre en direct. « La transformation s’est effectuée sur la base d’un changement de stratégie; nous avons constaté que le marché progressait très rapidement et nous aussi. Il était alors très difficile de faire grandir l'organisation à la même vitesse, c'est un marché qui n'existait pas il y a 5 ans et aujourd’hui, il y a 700 millions d'appareils mobiles dans le monde équipés du système d'exploitation Apple iOS. Ce changement de modèle d’affaires nous a conduit à faire des ajustements en termes de personnel, ainsi que dans la répartition des différentes fonctions. Les résultats commencent à être perçus en Europe, où les deux derniers trimestres ont été les meilleurs que j'ai pu constater. Le dernier trimestre s’est achevé par une grande négociation chez un client qui va déployer 9000 iPads ! ».
Malgré les sollicitations reçues d’acheteurs potentiels, Santiago Becerra n’avoue pour l’instant qu’une seule ambition : continuer à travailler sur le développement de Roambi pour atteindre son objectif, que Roambi atteigne un chiffre d’affaires de un milliard de dollars sur les trois prochaines années. Mais en ayant vendu ses deux premières sociétés à de grands éditeurs (Oracle et Business Objects), Il parait plus que possible qu'un jour, Roambi soit vendu à son tour, quand son fondateur estimera que le prix est le bon. Après le golf et le violon, Santiago Becerra s’essayera alors à une autre activité… ou replongera dans la création d’entreprise.
Malgré les sollicitations reçues d’acheteurs potentiels, Santiago Becerra n’avoue pour l’instant qu’une seule ambition : continuer à travailler sur le développement de Roambi pour atteindre son objectif, que Roambi atteigne un chiffre d’affaires de un milliard de dollars sur les trois prochaines années. Mais en ayant vendu ses deux premières sociétés à de grands éditeurs (Oracle et Business Objects), Il parait plus que possible qu'un jour, Roambi soit vendu à son tour, quand son fondateur estimera que le prix est le bon. Après le golf et le violon, Santiago Becerra s’essayera alors à une autre activité… ou replongera dans la création d’entreprise.