Nous sommes en 2005, mon collègue et ami Sacha Dunas organise avec moi chaque année à Paris le Forum Decideo. Et comme chaque année, nous recherchons des sponsors, à la fois du côté des grands acteurs installés du décisionnel, et des nouveaux entrants sur le marché.
Et en matière d’intégration de données (on parle encore d’ETL à l’époque), des nouveaux joueurs, il n’y en a pas beaucoup. Informatica est sur le devant de la scène, Datastage vient d’être racheté par IBM, Microsoft développe Data Transformation Services qui deviendra Integration Services… mais côté innovation, on reste sur sa faim.
Quant à l’open source, on en parle, mais ça ne concerne pas vraiment le décisionnel. Comment un éditeur pourrait-il développer une solution, et la proposer gratuitement quand le coût des projets décisionnels dépasse encore les centaines de milliers d’euros. Certes, l’arrivée de Microsoft a eu un effet majeur, entraînant une baisse des prix; mais de là à faire cadeau d’un ETL, il faudrait être un peu fous !
Et Sacha Dunas me parle alors, sous le sceau du secret, d’une petite équipe qui s’apprête à lancer sur le marché un ETL en open source ! Une information qui doit rester confidentielle jusqu’au lancement du produit, afin de ne pas réveiller une concurrence endormie. Un secret qui restera longtemps une des caractéristiques de Talend, qui refusera toujours de communiquer le nombre de clients payants, le montant de ses revenus; se contentant d’incanter le chiffre magique du nombre de téléchargements de sa version gratuite.
Après négociation, je suis finalement autorisé à demander audience aux concepteurs de cette future solution, qui compte bouleverser le marché installé des outils d’intégration de données.
Je dois avouer ne plus avoir beaucoup de souvenirs du contenu de cette interview. Mais heureusement, grâce à la mémoire d’Internet, et à la base de connaissance de Decideo, j’ai pu en retrouver la trace. C’est le 1093ème contenu posté sur Decideo, nous sommes donc au début de notre histoire également, puisqu’aujourd’hui, cet article porte le numéro 8718… : http://www.decideo.fr/Talend-developpe-un-ETL-francais-en-open-source_a1093.html
Je pense pouvoir dire être le premier à avoir publié un article sur Talend, en décembre 2005, alors que la société venait d’être créée, en septembre de la même année. Cet article, lu 5384 fois pour l’instant, ne m’a même pas donné droit à une action gratuite chez Talend d’ailleurs :-)
En descendant dans les commentaires, je retrouve d’ailleurs un message de Nicolas Salles, qui me reproche d’être le seul à parler de Talend, et qui manifestement ne semble pas d’accord avec certains points de leur présentation. Avec le recul, ces échanges sont amusants à relire.
Ce dont je me souviens, c’est d’un petit bureau dans un centre d’affaires anonyme, à Suresnes. Entre 6 et 9 m2, c’est le “garage” dans lequel Bertrand Diard et Fabrice Bonan ont commencé l’aventure. Notre conversation a été chaleureuse, même s’ils ont vite compris que je n’étais pas convaincu par le positionnement. Tiens d’ailleurs, je me souviens aussi que ce sont les premiers à m’avoir parlé d’un langage dont j’ignorais totalement l’existence, Python. Et dix ans après, il est devenu un des piliers de la science des données. Avec humilité, je dois avec le recul, m’incliner, et reconnaître que Fabrice et Bertrand sont clairement des visionnaires.
Talend a bien sur été présent dans Decideo de manière régulière, parfois pour annoncer de nouveaux produits comme le récent et excellent Talend Data Preparation; parfois de manière plus nuancée en particulier quand l’éditeur souhaitait que l’on dise tout le bien possible de ses produits, mais refusait de partager le moindre chiffre crédible appuyant son développement.
Et 11 ans plus tard c’est une seconde image qui apparaît, celle des fondateurs de Talend, sonnant la cloche symbolique de l’ouverture de la bourse de New-York, au NASDAQ. Que de chemin du bureau de Suresnes, au pupitre du NASDAQ. Les fondateurs ont su convaincre les financiers de soutenir leur développement. Ils ont su convaincre Bernard Liautaud, fondateur de Business Objects (et au premier plan sur la photo), de les rejoindre; et ils l’ont écouté quand il leur certainement dit qu’il fallait devenir américains. Une transition complète, comme l’avait fait Business Objects, et une américanisation de l’équipe de direction. Aucun des deux fondateurs n’en font plus partie, et la direction de l’entreprise a été confiée en 2013 à Mike Tuchen, un ancien de Microsoft. Pour réussir au niveau mondial dans le logiciel, il faut le faire à partir des Etats-Unis, et pour y réussir, il faut être américain. C’est la voie qu’avait montré Business Objects et que Talend a suivi.
Mais Talend cherche à conserver ses racines françaises, en partie pour bénéficier de ce que Bertrand Diard qualifiait il y a quelques années de paradis fiscal du crédit impôt-recherche. Mike Tuchen, CEO, l'expliquait dans un message le 29 juillet dernier : "Nous sommes en train d’affirmer notre présence sur la scène mondiale, mais nous restons attachés à nos racines. Comme vous l’avez sans doute constaté, l’année 2016 a vu l’expansion de notre présence en France avec l’ouverture à Nantes d’un centre de R&D dédié au renforcement de nos capacités dans les domaines du Big Data et du Machine Learning. Talend est également l’un des membres fondateurs de la toute première Open Source School (OSS) en France, où nous mettons à disposition notre savoir-faire pour développer les compétences des talents de demain".
Bravo aux deux fondateurs, et au passage, bravo également à Yves de Montcheuil, directeur marketing et mon interlocuteur pendant plusieurs années. Respect à vous tous pour ce succès et bonne continuation. Decideo continuera à vous critiquer si besoin :-)
Et en matière d’intégration de données (on parle encore d’ETL à l’époque), des nouveaux joueurs, il n’y en a pas beaucoup. Informatica est sur le devant de la scène, Datastage vient d’être racheté par IBM, Microsoft développe Data Transformation Services qui deviendra Integration Services… mais côté innovation, on reste sur sa faim.
Quant à l’open source, on en parle, mais ça ne concerne pas vraiment le décisionnel. Comment un éditeur pourrait-il développer une solution, et la proposer gratuitement quand le coût des projets décisionnels dépasse encore les centaines de milliers d’euros. Certes, l’arrivée de Microsoft a eu un effet majeur, entraînant une baisse des prix; mais de là à faire cadeau d’un ETL, il faudrait être un peu fous !
Et Sacha Dunas me parle alors, sous le sceau du secret, d’une petite équipe qui s’apprête à lancer sur le marché un ETL en open source ! Une information qui doit rester confidentielle jusqu’au lancement du produit, afin de ne pas réveiller une concurrence endormie. Un secret qui restera longtemps une des caractéristiques de Talend, qui refusera toujours de communiquer le nombre de clients payants, le montant de ses revenus; se contentant d’incanter le chiffre magique du nombre de téléchargements de sa version gratuite.
Après négociation, je suis finalement autorisé à demander audience aux concepteurs de cette future solution, qui compte bouleverser le marché installé des outils d’intégration de données.
Je dois avouer ne plus avoir beaucoup de souvenirs du contenu de cette interview. Mais heureusement, grâce à la mémoire d’Internet, et à la base de connaissance de Decideo, j’ai pu en retrouver la trace. C’est le 1093ème contenu posté sur Decideo, nous sommes donc au début de notre histoire également, puisqu’aujourd’hui, cet article porte le numéro 8718… : http://www.decideo.fr/Talend-developpe-un-ETL-francais-en-open-source_a1093.html
Je pense pouvoir dire être le premier à avoir publié un article sur Talend, en décembre 2005, alors que la société venait d’être créée, en septembre de la même année. Cet article, lu 5384 fois pour l’instant, ne m’a même pas donné droit à une action gratuite chez Talend d’ailleurs :-)
En descendant dans les commentaires, je retrouve d’ailleurs un message de Nicolas Salles, qui me reproche d’être le seul à parler de Talend, et qui manifestement ne semble pas d’accord avec certains points de leur présentation. Avec le recul, ces échanges sont amusants à relire.
Ce dont je me souviens, c’est d’un petit bureau dans un centre d’affaires anonyme, à Suresnes. Entre 6 et 9 m2, c’est le “garage” dans lequel Bertrand Diard et Fabrice Bonan ont commencé l’aventure. Notre conversation a été chaleureuse, même s’ils ont vite compris que je n’étais pas convaincu par le positionnement. Tiens d’ailleurs, je me souviens aussi que ce sont les premiers à m’avoir parlé d’un langage dont j’ignorais totalement l’existence, Python. Et dix ans après, il est devenu un des piliers de la science des données. Avec humilité, je dois avec le recul, m’incliner, et reconnaître que Fabrice et Bertrand sont clairement des visionnaires.
Talend a bien sur été présent dans Decideo de manière régulière, parfois pour annoncer de nouveaux produits comme le récent et excellent Talend Data Preparation; parfois de manière plus nuancée en particulier quand l’éditeur souhaitait que l’on dise tout le bien possible de ses produits, mais refusait de partager le moindre chiffre crédible appuyant son développement.
Et 11 ans plus tard c’est une seconde image qui apparaît, celle des fondateurs de Talend, sonnant la cloche symbolique de l’ouverture de la bourse de New-York, au NASDAQ. Que de chemin du bureau de Suresnes, au pupitre du NASDAQ. Les fondateurs ont su convaincre les financiers de soutenir leur développement. Ils ont su convaincre Bernard Liautaud, fondateur de Business Objects (et au premier plan sur la photo), de les rejoindre; et ils l’ont écouté quand il leur certainement dit qu’il fallait devenir américains. Une transition complète, comme l’avait fait Business Objects, et une américanisation de l’équipe de direction. Aucun des deux fondateurs n’en font plus partie, et la direction de l’entreprise a été confiée en 2013 à Mike Tuchen, un ancien de Microsoft. Pour réussir au niveau mondial dans le logiciel, il faut le faire à partir des Etats-Unis, et pour y réussir, il faut être américain. C’est la voie qu’avait montré Business Objects et que Talend a suivi.
Mais Talend cherche à conserver ses racines françaises, en partie pour bénéficier de ce que Bertrand Diard qualifiait il y a quelques années de paradis fiscal du crédit impôt-recherche. Mike Tuchen, CEO, l'expliquait dans un message le 29 juillet dernier : "Nous sommes en train d’affirmer notre présence sur la scène mondiale, mais nous restons attachés à nos racines. Comme vous l’avez sans doute constaté, l’année 2016 a vu l’expansion de notre présence en France avec l’ouverture à Nantes d’un centre de R&D dédié au renforcement de nos capacités dans les domaines du Big Data et du Machine Learning. Talend est également l’un des membres fondateurs de la toute première Open Source School (OSS) en France, où nous mettons à disposition notre savoir-faire pour développer les compétences des talents de demain".
Bravo aux deux fondateurs, et au passage, bravo également à Yves de Montcheuil, directeur marketing et mon interlocuteur pendant plusieurs années. Respect à vous tous pour ce succès et bonne continuation. Decideo continuera à vous critiquer si besoin :-)
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