Jean-Paul Crenn, fondateur de VUCA Strategy, cabinet conseil en e-commerce et transformation digitale
Google et Facebook se nourrissent de nos données
Google et Facebook reçoivent, en fonction des estimations, entre la moitié et les trois-quarts des dépenses de publicité digitale dans le monde et cette part de marché incroyable semble devoir croître. Du fait de l’échec de Google à développer une réelle plateforme de media social, ces deux entreprises ne sont pas en concurrence frontale. Elles peuvent ainsi continuer de croître sans risquer de se confronter. Une telle concentration de puissance sur un marché ne peut qu’inquiéter car elle mène, fatalement, à des abus. Tout autant inquiétant est le contrôle exercé par ce duopole sur les informations personnelles de la majorité de la population connectée. Car, si les données personnelles sont le carburant de la publicité digitale, cette dernière vient à son tour les enrichir, les rendant encore plus précieuses pour optimiser de nouvelles publicités digitales qui à leur tour....
La mainmise sur le marché de la publicité digitale et l’exploitation des données personnelles sont plus que liées – ce sont les deux faces d’une même pièce.
Ceux que la mainmise de Google et de Facebook inquiète - j’en fais partie - tendaient à penser qu’une régulation plus forte, tant au niveau des données personnelles que de l’anticartel aiderait à atténuer le pouvoir grandissant de ces entreprises. Le raisonnement était que si les législateurs et les juges ne brisaient pas ces nouveaux titans, quelques contraintes apportées à leur capacité à collecter et à exploiter les informations personnelles limiteraient quelque peu leur expansion.
Hélas, avec le nouveau règlement prenant effet sous 15 jours, il devient soudain clair que la réalité va être très différente de ce qui avait été anticipé.
Le RGPD va renforcer encore plus Google et Facebook
Loin de l’affaiblir, il va rendre le duopole encore plus puissant en le protégeant encore mieux de ses concurrents actuels et futurs.
La raison en est simple : se mettre en conformité avec le RGPD, particulièrement complexe, coûte beaucoup d’argent et de temps. C’est un fardeau proportionnellement bien plus élevé pour les petits acteurs ou pour les porteurs de projets que pour les gros. Google et Facebook ont déjà des armées de lobbyistes, d’avocats et de développeurs pour gérer le RGPD, avec énormément d’argent disponible pour investir dans les programmes de mise en conformité.
Google et Facebook sont déjà conformes et cela leur a été indolore
Tant pis pour vous si vous gérez un petit réseau publicitaire, un réseau social ou un moteur de recherche. Non seulement les coûts de mise en conformité risquent d’être ruineux. Mais, pire encore, le RGPD peut donner envie à vos clients annonceurs d’aller voir les joueurs dominants. Car dans un environnement d’incertitude juridique les entreprises cherchent la sécurité et la sécurité se trouve... chez les gros joueurs.
Mark Zuckerberg le savait bien quand il a annoncé au Congrès Américain qu’il était en faveur de plus de régulation.
Je ne milite pas contre le RGPD. Il pourra sans doute protéger le public d’abus ou, du moins, lui procurer une vue plus claire de ce qui se passe avec ses données personnelles. Ce je regrette c’est que la réalité des TPE-PME et même des ETI, n’ait pas été prise en compte par le RGPD. Pas plus que la réalité du marché de la publicité digitale. Voyez le G29, l’organisme fédérant les Cnil européennes, qui n’a pas encore terminé de publier ses guides de bonnes pratiques alors qu’il a eu 2 ans pour les réaliser.
Ce que je dis c’est que le RGPD, imposé à partir d’une tour d’ivoire par une bureaucratie pour qui la réalité des entreprises et des entrepreneurs n’a aucune sorte d’importance, a comme effet « inattendu » de réduire encore plus la concurrence sur le marché de la publicité digitale et donc de renforcer ce duopole.
Quand madame Falque-Pierrotin, présidente de la Cnil et ancienne présidente du G29 affirme que « Le RGPD remet les acteurs européens et internationaux à égalité de concurrence » je ne peux que me dire que Zuck lui dit merci.
Google et Facebook reçoivent, en fonction des estimations, entre la moitié et les trois-quarts des dépenses de publicité digitale dans le monde et cette part de marché incroyable semble devoir croître. Du fait de l’échec de Google à développer une réelle plateforme de media social, ces deux entreprises ne sont pas en concurrence frontale. Elles peuvent ainsi continuer de croître sans risquer de se confronter. Une telle concentration de puissance sur un marché ne peut qu’inquiéter car elle mène, fatalement, à des abus. Tout autant inquiétant est le contrôle exercé par ce duopole sur les informations personnelles de la majorité de la population connectée. Car, si les données personnelles sont le carburant de la publicité digitale, cette dernière vient à son tour les enrichir, les rendant encore plus précieuses pour optimiser de nouvelles publicités digitales qui à leur tour....
La mainmise sur le marché de la publicité digitale et l’exploitation des données personnelles sont plus que liées – ce sont les deux faces d’une même pièce.
Ceux que la mainmise de Google et de Facebook inquiète - j’en fais partie - tendaient à penser qu’une régulation plus forte, tant au niveau des données personnelles que de l’anticartel aiderait à atténuer le pouvoir grandissant de ces entreprises. Le raisonnement était que si les législateurs et les juges ne brisaient pas ces nouveaux titans, quelques contraintes apportées à leur capacité à collecter et à exploiter les informations personnelles limiteraient quelque peu leur expansion.
Hélas, avec le nouveau règlement prenant effet sous 15 jours, il devient soudain clair que la réalité va être très différente de ce qui avait été anticipé.
Le RGPD va renforcer encore plus Google et Facebook
Loin de l’affaiblir, il va rendre le duopole encore plus puissant en le protégeant encore mieux de ses concurrents actuels et futurs.
La raison en est simple : se mettre en conformité avec le RGPD, particulièrement complexe, coûte beaucoup d’argent et de temps. C’est un fardeau proportionnellement bien plus élevé pour les petits acteurs ou pour les porteurs de projets que pour les gros. Google et Facebook ont déjà des armées de lobbyistes, d’avocats et de développeurs pour gérer le RGPD, avec énormément d’argent disponible pour investir dans les programmes de mise en conformité.
Google et Facebook sont déjà conformes et cela leur a été indolore
Tant pis pour vous si vous gérez un petit réseau publicitaire, un réseau social ou un moteur de recherche. Non seulement les coûts de mise en conformité risquent d’être ruineux. Mais, pire encore, le RGPD peut donner envie à vos clients annonceurs d’aller voir les joueurs dominants. Car dans un environnement d’incertitude juridique les entreprises cherchent la sécurité et la sécurité se trouve... chez les gros joueurs.
Mark Zuckerberg le savait bien quand il a annoncé au Congrès Américain qu’il était en faveur de plus de régulation.
Je ne milite pas contre le RGPD. Il pourra sans doute protéger le public d’abus ou, du moins, lui procurer une vue plus claire de ce qui se passe avec ses données personnelles. Ce je regrette c’est que la réalité des TPE-PME et même des ETI, n’ait pas été prise en compte par le RGPD. Pas plus que la réalité du marché de la publicité digitale. Voyez le G29, l’organisme fédérant les Cnil européennes, qui n’a pas encore terminé de publier ses guides de bonnes pratiques alors qu’il a eu 2 ans pour les réaliser.
Ce que je dis c’est que le RGPD, imposé à partir d’une tour d’ivoire par une bureaucratie pour qui la réalité des entreprises et des entrepreneurs n’a aucune sorte d’importance, a comme effet « inattendu » de réduire encore plus la concurrence sur le marché de la publicité digitale et donc de renforcer ce duopole.
Quand madame Falque-Pierrotin, présidente de la Cnil et ancienne présidente du G29 affirme que « Le RGPD remet les acteurs européens et internationaux à égalité de concurrence » je ne peux que me dire que Zuck lui dit merci.
A propos de l’Auteur
Fondateur et dirigeant de VUCA Strategy, cabinet conseil spécialisé en e-commerce et en transformation digitale, Jean-Paul CRENN (ISG, MBA HEC) est et a été dirigeant d’entreprises de e-Commerce.
Fort de plus de 25 ans d'expérience dans le digital, il enseigne auprès de l’ESCP Europe, la Toulouse School of Management et de la Toulouse Business School.
Il est l’auteur des ouvrages : “le VADOR, Réussir son e-commerce”, “Ce monde est-il fou ? Non, il est VUCA”, “Quel Prix dans un monde devenu VUCA ? Optimiser le levier N°1 de la rentabilité”, “L’Internet des Objets : La 3ème révolution Informatique”.
Il participe à NXU – Next Humanity, le Thinktank de la révolution NBIC.
Son site de curation sur le thème de l’environnement VUCA : www.scoop.it/t/vuca-by-jean-paul-crenn
Fort de plus de 25 ans d'expérience dans le digital, il enseigne auprès de l’ESCP Europe, la Toulouse School of Management et de la Toulouse Business School.
Il est l’auteur des ouvrages : “le VADOR, Réussir son e-commerce”, “Ce monde est-il fou ? Non, il est VUCA”, “Quel Prix dans un monde devenu VUCA ? Optimiser le levier N°1 de la rentabilité”, “L’Internet des Objets : La 3ème révolution Informatique”.
Il participe à NXU – Next Humanity, le Thinktank de la révolution NBIC.
Son site de curation sur le thème de l’environnement VUCA : www.scoop.it/t/vuca-by-jean-paul-crenn