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Nouvelle génération d'outils BI : Attention de ne pas mettre à dos utilisateurs et DSI


Rédigé par Jean-Marc DUPONT, 6IT le 1 Décembre 2011

Depuis l'arrivée de la nouvelle génération d'outils de Business Intelligence, Qlikview en tête, on a de plus en plus tendance à lire des articles ou des discours marketing selon lesquels ces outils "libèrent les utilisateurs des contraintes de la DSI" ou "donnent de l'indépendance aux utilisateurs" ou bien encore "sont tellement simples qu'ils sont à la portée de n'importe quel utilisateur d'Excel".



Jean-Marc DUPONT, 6IT
Jean-Marc DUPONT, 6IT
On peut lire également que ces nouveaux outils ont un effet négatif, qui est de mettre la DSI dans l'embarras, au vu de la facilité qu'on les utilisateurs à analyser les données du SI, sans vraiment avoir besoin de la DSI, alors qu'auparavant ("avec les anciens outils") on ne pouvait pas faire le moindre rapport sans passer par l'informatique.

Mes cheveux se hérissent à chaque fois que je vois des messages de ce genre.
Bien sûr, on ne peut pas en vouloir aux services marketing, c'est leur métier et leur raison d'être de faire passer des messages attractifs aux directions métier qui sont, in fine, les financeurs des investissements IT.
Mais mon rôle de consultant est de prendre du recul par rapport à ces discours marketing et de conseiller mes clients.

Les objectifs des outils BI (ou décisionnels) sont de plusieurs ordres :
donner une vision unifiée des données de l'entreprise et des KPIs qui en découlent, afin que les décideurs ne perdent pas de temps à savoir qui possède le chiffre juste
Fournir aux utilisateurs qui ont besoin de prendre des décisions des indicateurs fiables, et donc basés sur un référentiel (clients, produits, ...) fiable
Fournir une vision historique des données, permettant d'en tirer des corrélations ou des modèles afin de "prédire" l'avenir.
Et bien sûr, donner aux utilisateurs un outil le plus simple d'emploi possible

Le sujet n'est donc pas qui, de la DSI ou des utilisateurs, doivent prendre le contrôle des données, mais comment assurer la qualité des données, une condition préalable à la mise en place d'indicateurs fiables pour l'ensemble de l'entreprise.

Quelle que soit la qualité de l'outil, si les données sources des indicateurs sont de mauvaise qualité, les indicateurs seront de mauvaise qualité ("garbage in, garbage out" : de la m.... en entrée, de la m.... en sortie). Et peu importe si les graphiques sont super sympas, et si l'utilisateur peut parcourir ses données de manière associative. Si les données du SI n'ont pas été qualifiées, nettoyées, les décideurs ne pourront pas prendre de bonnes décisions.

La nouvelle génération d'outils de BI apporte sans conteste une plus grande facilité de manipulation des données et des indicateurs, la possibilité de les consulter sur les nouveaux terminaux mobiles, leur disponibilité sur le Web et leurs fonctions collaboratives apportent de nouvelles perspectives aux entreprises et à leurs partenaires.

Mais ces nouveaux outils ne dispensent pas des tâches en amont qui, au vu de la complexité des SI aujourd'hui, ne peuvent pas être assurées par les utilisateurs seuls.
Il faut bien mettre en place des binômes entre utilisateurs et DSI, en utilisant des outils performants, chacun pour leurs tâches de prédilection :
ETL pour assurer qualité et alimentation des données, sous la responsabilité de la DSI
Dashbording/Reporting pour l'agrégation, la restitution et l'analyse des indicateurs qui en découlent, par les utilisateurs

Qu'en pensez vous ?




Commentaires

1.Posté par David Granger le 01/12/2011 11:45
Il me semble important de préciser qu'un outil de BI nouvelle génération doit surtout permettre d'aborder un projet sous un autre angle. Ce qui est nouveau, ce n'est pas qui est le propriétaire des données, ni quel est le degré d'interactivité proposé mais bien l'agilité de la plateforme et sa capacité à résoudre les problèmes (d'acquisition/nettoyage/consolidation de donné, de restitution ou de partage) en quelques heures quand cela prenait quelques semaines ou mois auparavent. Je suis tout de même persuadé qu'un outil efficace doit permettre de faire cohabiter les utilisateurs (consommateurs, créateurs, et administrateurs, parfois client, fournisseur ou investisseur...) dans un esprit collaboratif, pour répondre à un besoin quel qu'il soit. Toutefois, la donnée parfaite n'existera jamais: les saisies manuelles dans des formulaires sécurisés et rapprochement avec des budgets excel ont encore un bel avenir. Avec le "Big data" (et ce n'est pas que du marketing), l'agilité prend tout son sens, il faut savoir réagir en temps réel, et en donnée non structurée.

2.Posté par Frédéric Salles le 08/12/2011 12:35
Je suis pour ma part 100% d'accord avec Jean-Marc DUPONT (l'aiguille de mon dashboard d'opinion dans le vert, à droite).
Pour avoir vanté les mérites les outils décisionnels des éditeurs pendant bien longtemps (mes données d'historique soigneusement conservées), et gardé en tête leurs mérites respectifs indépendamment des technologies et changements de vocabulaires (donc à historique toujours comparable), je ne peux que constater que les "nouveaux" outils, même si ils progressent techniquement cela va sans dire, sont servis par le même éternel discours marketing, qui correspond bien à un besoin, celui de l'indépendance des utilisateurs vis à vis de la DSI de création des tableaux de bord et investigations d'analyse,
Mais cela ne suffit bien sûr pas à la qualité globale d'une l'application de pilotage, loin de là (l'indicateur de complétude en orange, voire orange foncé). Le débat se renouvelle sans se galvauder, c'est la magie du marketing. Alors que l'enjeu est ailleurs.

L'enjeu, et l'urgence, sont plus que jamais la qualité des données. Qu'elles soient transmises, consolidées, analysées, représentées ou manipulées avec la plus grande facilité ou l'ergonomie la plus "sexy". Le concept de qualité des données n'est pas si simple à appréhender puisque cette qualité dépend aussi de la cible et que la qualité de données historique se définit aussi dans leur capacité à être "comparables" donc retraitées. Ce ne sont que des exemples et il est clair qu'il faut aller bien au-delà des champs non renseignés ou formats non respectés. Il s'agit bel et bien d'une démarche et de processus permanents à mettre en place. Un travail de mineurs de fond, dont le ROI est, malheureusement encore, difficile à défendre.

3.Posté par Yannick le 08/12/2011 22:48
Je suis aussi d'accord avecJean Marc DUPONT.
Je dirais même que les nouvelles techno qui évolue dans l'indépendance des fonctionnelles sont presques des retour en arrière. Ou pour la plupart du temps, on essaie de retirer les outils qui permettent de générer des états facilement mais que l'on ne peut plus valider la qualité de données ...

4.Posté par Jean-Michel Franco le 09/12/2011 07:42
Je fais fréquemment le parallèle entre le monde du décisionnel et celui du retail : finalement, notre métier, c'est bien de distribuer la bonne information à la bonne personne.
Dans la distribution, il fut un temps où le consommateur dépendait exclusivement d'intermédiaires pour faire ses choix. Puis, il y a eu le libre service, l'e-commerce.... Désormais, tous ces modèles cohabitent et c'est le consommateur qui choisit le modèle qui lui convient selon son besoin : parfois, c'est agréable et préférable d'être guidé et conseillé, parfois on préfère être libre de choisir sur la base d'un large choix (avec le sentiment valorisant de "prendre son indépendance" pour reprendre la formulation que vous évoquiez). Pas facile pour le commerçant de trouver le bon modèle, mais pas d'autres choix que d'y parvenir, car au final, c'est le consommateur qui décide.

Dans tous les modèles de distribution évoqués, le point commun, la condition du succès, c'est d'avoir en magasin les bons produits et d'être à 100% garant de leur qualité : vous notez fort justement que c'est aussi l'enjeu et la valeur ajoutée principale d'une direction informatique dans les projets décisionnels.

Mais, il faut aussi proposer le(s) bon(s) modèle(s) de distribution. Dès lors, il me semble que le point clé, c'est que les directions informatiques considèrent cette nouvelle génération d'outils comme opportunité plutôt que menace. C'est certes un challenge que d'accompagner ces "nouveaux" modèles de distribution de l'information (en particulier le modèle libre service, à priori complémentaire plutôt qu'en opposition à d'autres modèles plus encadrés évoqués dans l'article, et qui est le maillon faible de la plupart des systèmes décisionnels existants) ; mais ont-elles d'autres choix, sans risque de ne pas avoir rapidement à fermer le rideau de certains de leurs magasins de données existants, faute d'intérêt des consommateurs ?

5.Posté par Francois Papon le 12/12/2011 15:43
Déjà au début des années 90, les nouveaux éditeurs BI (dont je faisais partie, on disait alors EIS-SIAD) garantissaient une plus grande autonomie aux utilisateurs. Et c'était vrai à l'époque et ça l'est toujours aujourd'hui.
Holos (qui surfait alors sur la vague Windows) vs Comshare/Express à l'époque, puis Essbase (plugin Excel, véritable autonomie pour les utilisateurs), puis les outils qui prennent le virage web Cognos, BO... puis aujourd'hui QlikView, la mobilité etc
Les technologies évoluent, les outils progressent, les interfaces également, et les utilisateurs sont de plus en plus autonomes. Sans enlever en rien l'importance des DSI bien au contraire (il y a je pense beaucoup plus d'informaticiens aujourd'hui qu'il y a 20 ans !).
Dans 20 ans, quand le social cloud sera un bon souvenir, il y aura encore des nouveaux outils qui donneront toujours plus d'autonomie aux utilisateurs, et pourtant, je suis prêt à parier qu'il y aura encore plus d'informaticiens qu'aujourd'hui. Pas d'inquiétude ;-)

6.Posté par Arnaud LEPAGNEZ le 27/01/2012 07:36
Complètement d'accord avec MM Franco et Dupont. Notre travail d'analyste et de consultant décisionnel nous oblige à connaître un nombre important de techniques, de façon à pouvoir offrir la meilleur solution face à un besoin clairement exprimé (ce que je n'ai pas rencontré souvent). Ça reste là notre plus grand challenge. À partir de ce constat, il nous faudra toujours accompagner les utilisateurs dans leur quête d'autonomie. Aussi bien au niveau de la représentation des dashboards : avoir des données lisibles (et seulement ça), que par les indicateurs et les données elles-mêmes (qui peuvent être toujours améliorés dans la pertinence). Pour des consultants BI (dont j'en suis), la vraie question n'est donc pas : les utilisateurs doivent-ils être autonomes à tout prix ? La véritable question est la suivante : est-ce que mes utilisateurs ont les bons outils pour être autonome dans leur quotidien ? En effet, rien ne sert de sortir des multitudes de dashboards BO (ce que je considère comme étant de la grosse artillerie) pour quelques utilisateurs. On leur préférera des outils orientés utilisateurs comme Qlikview. En même temps, le coût des licences n'est pas étranger dans ce choix. Je pense quand même que tout est question de souplesse, d'intelligence et de bon sens.
Dans mon expérience professionnelle, combien de clients, j'ai vu avoir en interne, un flopée de softwares orientés BI. Mais cette configuration n'est pas étrangère au fait que ces entreprises cherchait un compromis entre un opérationnel efficace et performant d'un coté, et des coûts limités (sur les licences notamment), d'un autre.
À ce titre, c'est à nous de faire comprendre aux DSI et aux clients de ces mêmes DSI, le rôle qui est le leur. L'exercice est loin d'être facile, puisque chacun siuvent se cantonne à rester dans son propre métier. Mais il paraît évident que pour certains besoins, des clients n'ont pas besoin de la DSI (ça m'est déjà arrivé de travailler en dehors d'une DSI). Pour d'autres besoins, le passage par la case DSI est obligatoire : construction de SI, restitution à grande échelle, etc...
Disons-le franchement la décision revient toujours aux décideurs de valider le choix d'une architecture technique. Dans ce cas, pourquoi renvoyer dos à dos des outils "utilisateurs" et des grandes solutions logicielles ? Et dans cette optique, les consultants BI restent des acteurs majeurs dans les concertations d'avant-projet.


7.Posté par Laurent Couartou le 24/10/2012 17:22
Ironiquement, les seules offres d’emploi en rapport avec QlikView ou Tableau que j’ai rencontrées jusqu’ici s'adressaient à des profils classiques de consultants/développeurs en DSI/SSII.
Les progrès de ces dernières années, en termes d'interfaces utilisateurs et outils RAD, elles rendent plus accessibles de petits développements, sans gros investissement préalable en apprentissage, ou sans gros bagage théorique.
Cependant, les choses plus ambitieuses, comme développer un dashboard digne de ce nom, demandent toujours du temps et une certaine expertise.
Ce travail peut être confié à un développeur métier, partageant la culture et les préoccupations du business dans lequel il évolue, ou à un développeur classique, imprégné de la culture de sa DSI.
Pour ne parler que de ce que je connais:
- Sharepoint : développement sans code
- PowerPivot : publiable sur SharePoint ou qui promouvable en modèle Tabular
- Excel Services
- Access services.
De mon point de vue, Microsoft pousse les développeurs métiers à "sortir du placard" et à participer à la construction du SI officiel, en bonne intelligence avec la DSI, permettant à chacun de faire ce qu’il fait le mieux.

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