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Les perspectives de l’open source pour 2014


Rédigé par Communiqué de l'Open World Forum le 24 Septembre 2013

Selon une étude récente réalisée auprès de 322 entreprises françaises, près de 90% d’entre elles ont mis en place des outils open source ces deux dernières années. Pourtant presque la moitié d’entre elles n’ont pas de véritable stratégie open source en 2013. Par ailleurs, 71% perçoivent toujours le coût comme principal avantage du logiciel libre. Stéfane Fermigier, Vice-Président de la thématique « CODE » de l’Open World Forum 2013, et Président du Groupe Thématique Logiciel Libre (GTLL) du Pôle de compétitivité Systematic Paris-Région, analyse ces chiffres et fait le point sur les perspectives de l’open source pour 2014.



L’open source en entreprise : des chiffres en hausse mais une stratégie qui peine à se mettre en place
Ces dernières années, les études et sondages se sont accordés à dire que les solutions open source étaient en progression forte dans les entreprises. Néanmoins, il ne s’agit pas forcément d’une stratégie délibérée des entreprises et de leurs DSI, beaucoup ignorant encore les solutions open source car elles sont dans une relation client-vendeur traditionnelle pour leur choix de logiciels.
Cette dynamique est pourtant en cours d’évolution au profit du logiciel libre, du fait d’une remise au premier plan de l’innovation et des compétences techniques. En effet, de plus en plus de DSI développent à présent une vision stratégique et voient en l’open source un avantage qui, même s’il n’est pas immédiat, va se révéler très important à moyen ou long terme, car il leur permet de garder le contrôle sur leur système d’information. C’est une façon de s’affranchir de la relation client-vendeur et des différents « lock-in » (fait d’être fortement lié à un vendeur une fois qu’on a implémenté sa solution) qui y sont liés. Avec le logiciel libre, les marges de manœuvre des clients sont beaucoup plus larges qu’avec un vendeur unique d’une technologie propriétaire.
Afin que le logiciel libre devienne partie intégrante de la stratégie des DSI, les acteurs de l’open source se sont donnés pour objectif de faire partager les bonnes pratiques, les recommandations des spécialistes, des journalistes, des DSI eux-mêmes et en particulier de ceux qui sont le plus avancés dans la mise en place de gouvernances open source dans leurs entreprises et dans leurs administrations. Le but est de mettre en place de vraies politiques qui permettent d’utiliser au mieux les logiciels libres, éventuellement conjointement avec des logiciels non libres, et ainsi, faire des choix pertinents en fonction de critères à la fois fonctionnels, techniques et stratégiques.

L’adoption de l’open source dépend de la culture de l’entreprise
En termes de choix de logiciels en entreprise, deux cas de figure se présentent le plus souvent : l’entreprise qui décourage l’utilisation de solutions open source et les développeurs n’ont donc recours qu’à des logiciels propriétaires ; et à l’autre bout du spectre, le cas où les développeurs ont une certaine autonomie et sont libres d’utiliser le logiciel de leur choix pour mener à bien leurs missions.
L’avantage évident des solutions open source est leur gratuité. Il est plus aisé pour les développeurs de développer une solution sans demander de budget pour l’acquisition de logiciels - quitte à appeler cette solution un “POC” ou un “prototype” - puis de la présenter à sa hiérarchie, selon le principe de Grace Hopper, inventeur du langage COBOL : “il est plus facile de demander pardon que d’obtenir la permission”. Néanmoins, cette autonomie peut se révéler anarchique si aucune politique réelle n’est mise en place et que chaque développeur utilise les solutions de son choix, s’exposant ainsi à de possibles incompatibilités - techniques ou juridiques, notamment.
Entre ces deux extrêmes, il nous apparaît plus avantageux de déterminer des lignes directrices entre métiers et DSI qui reposeront sur des critères aussi bien liés aux produits (fonctionnels, techniques, juridiques...), qu’au contexte (support, maintenance, etc.).

DSI versus utilisateurs métiers : un devoir de collaboration évident
Le contexte actuel est aussi caractérisé par des tensions entre utilisateurs métiers et directions informatiques. Les premiers ont vu apparaître ces dernières années une multitude de solutions cloud en mode SaaS, qu’elles peuvent s’approprier en quelques minutes, et ressentent la lenteur perçue des DSI quand il s’agit de déployer des nouvelles applications, ou même de mettre à jour des solutions existantes. A contrario, les DSI voient, à juste titre, dans les solutions issues du cloud une menace pour la cohérence et l’intégrité des systèmes et des informations dont elles doivent être garantes - sans parler des risques en terme de confidentialité et de pérennité des services déployés.
L’open source est une alternative à ce dilemme, mais nécessite de rétablir la collaboration entre DSI et métiers. Les DSI peuvent puiser dans l’open source l’agilité qui leur manque, à condition bien sûr qu’elle s’accompagne d’une rigueur méthodologique adaptée au contexte et notamment au niveau de criticité des applications déployées.
En effet, les applications open source sont très souvent construites suivant des architectures extrêmement modulaires qui permettent d’ajouter à un socle commun, des applications, des fonctionnalités qui peuvent être désirées par les uns ou par les autres, sous la forme d’extensions qui peuvent être développées en interne ou fournies par des prestataires.
On parle aussi beaucoup depuis quelques mois de l’approche dite « DevOps » qui a la capacité de déployer de manière interactive et incrémentale des applications, de telle sorte que les utilisateurs peuvent bénéficier très rapidement de la valeur apportée par une application, plutôt que d’attendre tous les 6 mois voire plusieurs années les nouvelles versions des logiciels qu’ils utilisent.
En adoptant - et en adaptant - les technologies et les méthodologies issues du monde du logiciel libre, les DSI peuvent ainsi se rapprocher des attentes des utilisateurs métiers, en le conciliant avec les contraintes liées à leur propre mission, et jouer ainsi le rôle stratégique qui doit être le leur pour la compétitivité de leur entreprise.

Les trois grands défis technologiques de l’open source pour 2013-2020
Le Groupe Thématique Logiciel Libre du Pôle Systematic (GTLL) a récemment mis en avant trois grands défis pour le logiciel libre à l’horizon 2020 : la « qualité logicielle », le « Big Data » et « l’After PC ».
La complexité sans cesse croissante du développement logiciel, et les enjeux qu’il représente en termes de compétitivité pour notre économie, sont une raison de s’intéresser de près à la question de la qualité logicielle. A ce sujet, l’open source constitue à la fois un sujet d’étude mais aussi une source de nombreuses solutions, autant au niveau des méthodologies et des outils de développement que des techniques d’intégration et d’assemblage de logiciels à partir de composants open source.
Ensuite, le Big Data ou traitement des données massives, est l’aboutissement d’un changement d’échelle ces 5 dernières années. On est passé d’architectures monolithiques à des structures beaucoup plus distribuées issues du monde de l’Internet. Celles-ci sont basées sur du matériel beaucoup moins cher que l’on peut acheter en grande quantité pour bénéficier d’une puissance de traitement et d’une puissance de stockage sans commune mesure avec ce que l’on avait auparavant, faisant émerger ces derniers années tout un écosystème autour de la collecte, du stockage, de l’analyse et de la visualisation de ces données massives.
Enfin, l’After PC, c’est-à-dire les smartphones, les tablettes, l’Internet des objets ou encore le cloud computing constituent pour nous le 3e grand défi des prochaines années. Ces derniers représentent de vrais enjeux technologiques en termes de miniaturisation, de passage à l’échelle, de traitement des données massives. Les questions de vie privée et d’intelligence économique, qui y sont liées, sont aussi au cœur du débat depuis quelques années, notamment depuis les révélations d’Edward Snowden sur l’affaire «PRISM».




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