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Echec productif et classe inversée : la permutation des rôles élève-enseignant
La classe inversée aura été la grande nouveauté de la dernière décennie : les élèves sont appelés à réviser le cours chez eux, puis à l'expliquer à leurs camarades en classe. Une méthode qui les rend pleinement acteurs de leur apprentissage. Pour s'y familiariser, des associations telles que Inversons la classe ! proposent des tutoriels et divers outils de formation. Un autre corollaire de la pédagogie alternative, l'échec productif, consiste à poser aux élèves un problème d'un niveau légèrement supérieur afin de corriger leurs erreurs par la suite et de leur indiquer la bonne méthodologie. L'élève se familiarise ainsi avec l'idée que l'échec n'est pas une fatalité et qu'il peut être instructif. Cependant, l'enseignant doit veiller à ce que les élèves ne soient pas tentés de bâcler leur travail, et à éviter les problèmes d'un niveau trop élevé par rapport à leur programme : ils risqueraient alors de perdre tout intérêt pour l'apprentissage d'une matière.
Serious games et réseaux sociaux : l'apprentissage par le numérique
Décriés pour l'attention qu'ils monopolisent, les réseaux sociaux s'avèrent être des alliés éducatifs, du fait de la disponibilité instantanée qu'ils induisent chez l'utilisateur. Certaines écoles ont décidé d'aller chercher collégiens et lycéens là où ils se trouvent, s'appuyant sur les fonctions de communication, de créativité, de collaboration, de partage et d'archivage pour proposer des contenus éducatifs. L'enseignant doit cependant instaurer un cadre d'utilisation strict pour éviter la dispersion, renoncer à un schéma descendant de l'apprentissage, et adopter une posture d'accompagnateur. Un bouleversement qui suscite néanmoins quelques réticences dans le corps enseignant. Du côté de la formation professionnelle, les instituts de formation saisissent les « micro-moments », ces instants où l'attention est entièrement absorbée par un réseau social, pour proposer leurs contenus.
Autre méthode pédagogique basée sur les loisirs des élèves, les jeux vidéo sérieux, ou serious games, se servent de la pratique du gaming pour familiariser les élèves avec l'aspect pratique des cours. Cette méthode permet aux élèves qui éprouvent des difficultés avec le cadre théorique d'en voir les applications pratiques. Elle s'étend même aux études supérieures : l'Ecole de Management de Grenoble a, par exemple, dédié une salle aux jeux vidéo sérieux pour tester des méthodes de management !
Cette approche implique néanmoins une vigilance accrue de la part des enseignants et des parents, qui ont un rôle de régulateur, notamment auprès des adolescents, afin que ceux-ci ne dissocient pas l'apprentissage de sa réalité physique.
Visualisation des données, analyse formative et design thinking : vers la création de parcours personnalisés ?
Dans certains établissements, l'analyse visuelle des données permet déjà aux enseignants d'accéder à un aperçu du niveau de leurs élèves, et d'évaluer rapidement leur capacité d'apprentissage ou le besoin d'un accompagnement plus poussé. Plusieurs méthodes pédagogiques sont nées de cette pratique, dont la visualisation des données à des fins analytiques, l'analyse formative et le design thinking.
La visualisation et l'analyse des données se révèlent particulièrement utiles dans les filières où les étudiants doivent appréhender d'importants volumes d'informations, telles que le droit, le marketing, l'aménagement urbain, la santé, l'hôtellerie ou encore le journalisme. On parle d'ailleurs de plus en plus du data-journalisme, qui mise sur la présentation visuelle de données statistiques au public sous la forme d'infographies ou d'animations. Les écoles de journalisme telles que l'EFJ, le CFPJ ou l'IICP l'ont d'ailleurs récemment intégré à leurs cursus.
Si la visualisation des données fait déjà partie des techniques d'enseignement utilisées outre-Atlantique (faculté de droit de Boston et faculté des métiers de la santé de l'université du Texas), en France elle en est encore à ses débuts mais suscite l'engouement de beaucoup !
L'analyse formative utilise les données liées au parcours de l'élève pour mesurer ses lacunes, ses incompréhensions, ses performances. Effectuée régulièrement, l'analyse formative donne une vision globale sur les profils des élèves, mais aussi sur leur schéma de pensée : elle constitue en cela un outil de réflexion utile sur les pistes d'amélioration que l'enseignant peut adopter. Elle se révèle particulièrement utile pour évaluer l'évolution des collégiens et des lycéens.
L'objectif du design thinking, quant à lui, se rapproche du principe de la méthode de l'échec productif, puisqu'il consiste à faire travailler ensemble les élèves sur une problématique avant de leur apprendre la méthode de résolution, laissant une place à l'erreur. Les élèves appréhendent le problème sous une forme graphique grâce à la visualisation des données, et le résolvent en concevant un visuel ou un objet concret. Déjà utilisée en entreprise, cette méthode a maintenant fait son entrée à Sciences Po.
« Translanguaging » et écoles bilingues : enseigner dans un monde globalisé
Le translanguaging permet aux élèves de s'exprimer en plusieurs langues et langages, afin de traduire au mieux leur pensée. Cette technique vise à faciliter leur capacité à se mouvoir d'une langue à une autre, une gymnastique intellectuelle qu'effectuent déjà de nombreux étudiants à l'université. Dans la même optique, les écoles bilingues introduisent, à l'instar de la philosophie, les langues étrangères dès la maternelle : le cerveau encore malléable des enfants à ce stade leur permet en effet d'apprendre plus rapidement.
A l'heure où l'évaluation des compétences s'intègre peu à peu dans un cadre européen, l'école devient le lieu où s'expérimentent les savoirs de demain, et fait la part belle à la spécificité de chaque élève. L'avenir nous dira si ces nouvelles pratiques, plus centrées sur l'individu et la collaboration, conduiront, à terme, à la création de parcours personnalisés, ce qui bouleverserait complètement le système éducatif actuel !
La classe inversée aura été la grande nouveauté de la dernière décennie : les élèves sont appelés à réviser le cours chez eux, puis à l'expliquer à leurs camarades en classe. Une méthode qui les rend pleinement acteurs de leur apprentissage. Pour s'y familiariser, des associations telles que Inversons la classe ! proposent des tutoriels et divers outils de formation. Un autre corollaire de la pédagogie alternative, l'échec productif, consiste à poser aux élèves un problème d'un niveau légèrement supérieur afin de corriger leurs erreurs par la suite et de leur indiquer la bonne méthodologie. L'élève se familiarise ainsi avec l'idée que l'échec n'est pas une fatalité et qu'il peut être instructif. Cependant, l'enseignant doit veiller à ce que les élèves ne soient pas tentés de bâcler leur travail, et à éviter les problèmes d'un niveau trop élevé par rapport à leur programme : ils risqueraient alors de perdre tout intérêt pour l'apprentissage d'une matière.
Serious games et réseaux sociaux : l'apprentissage par le numérique
Décriés pour l'attention qu'ils monopolisent, les réseaux sociaux s'avèrent être des alliés éducatifs, du fait de la disponibilité instantanée qu'ils induisent chez l'utilisateur. Certaines écoles ont décidé d'aller chercher collégiens et lycéens là où ils se trouvent, s'appuyant sur les fonctions de communication, de créativité, de collaboration, de partage et d'archivage pour proposer des contenus éducatifs. L'enseignant doit cependant instaurer un cadre d'utilisation strict pour éviter la dispersion, renoncer à un schéma descendant de l'apprentissage, et adopter une posture d'accompagnateur. Un bouleversement qui suscite néanmoins quelques réticences dans le corps enseignant. Du côté de la formation professionnelle, les instituts de formation saisissent les « micro-moments », ces instants où l'attention est entièrement absorbée par un réseau social, pour proposer leurs contenus.
Autre méthode pédagogique basée sur les loisirs des élèves, les jeux vidéo sérieux, ou serious games, se servent de la pratique du gaming pour familiariser les élèves avec l'aspect pratique des cours. Cette méthode permet aux élèves qui éprouvent des difficultés avec le cadre théorique d'en voir les applications pratiques. Elle s'étend même aux études supérieures : l'Ecole de Management de Grenoble a, par exemple, dédié une salle aux jeux vidéo sérieux pour tester des méthodes de management !
Cette approche implique néanmoins une vigilance accrue de la part des enseignants et des parents, qui ont un rôle de régulateur, notamment auprès des adolescents, afin que ceux-ci ne dissocient pas l'apprentissage de sa réalité physique.
Visualisation des données, analyse formative et design thinking : vers la création de parcours personnalisés ?
Dans certains établissements, l'analyse visuelle des données permet déjà aux enseignants d'accéder à un aperçu du niveau de leurs élèves, et d'évaluer rapidement leur capacité d'apprentissage ou le besoin d'un accompagnement plus poussé. Plusieurs méthodes pédagogiques sont nées de cette pratique, dont la visualisation des données à des fins analytiques, l'analyse formative et le design thinking.
La visualisation et l'analyse des données se révèlent particulièrement utiles dans les filières où les étudiants doivent appréhender d'importants volumes d'informations, telles que le droit, le marketing, l'aménagement urbain, la santé, l'hôtellerie ou encore le journalisme. On parle d'ailleurs de plus en plus du data-journalisme, qui mise sur la présentation visuelle de données statistiques au public sous la forme d'infographies ou d'animations. Les écoles de journalisme telles que l'EFJ, le CFPJ ou l'IICP l'ont d'ailleurs récemment intégré à leurs cursus.
Si la visualisation des données fait déjà partie des techniques d'enseignement utilisées outre-Atlantique (faculté de droit de Boston et faculté des métiers de la santé de l'université du Texas), en France elle en est encore à ses débuts mais suscite l'engouement de beaucoup !
L'analyse formative utilise les données liées au parcours de l'élève pour mesurer ses lacunes, ses incompréhensions, ses performances. Effectuée régulièrement, l'analyse formative donne une vision globale sur les profils des élèves, mais aussi sur leur schéma de pensée : elle constitue en cela un outil de réflexion utile sur les pistes d'amélioration que l'enseignant peut adopter. Elle se révèle particulièrement utile pour évaluer l'évolution des collégiens et des lycéens.
L'objectif du design thinking, quant à lui, se rapproche du principe de la méthode de l'échec productif, puisqu'il consiste à faire travailler ensemble les élèves sur une problématique avant de leur apprendre la méthode de résolution, laissant une place à l'erreur. Les élèves appréhendent le problème sous une forme graphique grâce à la visualisation des données, et le résolvent en concevant un visuel ou un objet concret. Déjà utilisée en entreprise, cette méthode a maintenant fait son entrée à Sciences Po.
« Translanguaging » et écoles bilingues : enseigner dans un monde globalisé
Le translanguaging permet aux élèves de s'exprimer en plusieurs langues et langages, afin de traduire au mieux leur pensée. Cette technique vise à faciliter leur capacité à se mouvoir d'une langue à une autre, une gymnastique intellectuelle qu'effectuent déjà de nombreux étudiants à l'université. Dans la même optique, les écoles bilingues introduisent, à l'instar de la philosophie, les langues étrangères dès la maternelle : le cerveau encore malléable des enfants à ce stade leur permet en effet d'apprendre plus rapidement.
A l'heure où l'évaluation des compétences s'intègre peu à peu dans un cadre européen, l'école devient le lieu où s'expérimentent les savoirs de demain, et fait la part belle à la spécificité de chaque élève. L'avenir nous dira si ces nouvelles pratiques, plus centrées sur l'individu et la collaboration, conduiront, à terme, à la création de parcours personnalisés, ce qui bouleverserait complètement le système éducatif actuel !
Thierry Driver, Responsable du Programme Académique EMEA chez Tableau
Biographie de Thierry Driver
Thierry Driver est fort d'une grande expérience marketing dans le secteur universitaire. Après être passé par EDUNIVERSAL, HEC Paris et SKEMA Business School, il rejoint Tableau en 2014 en tant que Responsable du Programme Académique Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA). Il est ainsi en charge de l'ensemble des activités marketing pour les universités de la zone EMEA. Sa mission principale est d'aider professeurs et élèves à voir et comprendre leurs données dans un but d'apprentissage.
Thierry Driver est fort d'une grande expérience marketing dans le secteur universitaire. Après être passé par EDUNIVERSAL, HEC Paris et SKEMA Business School, il rejoint Tableau en 2014 en tant que Responsable du Programme Académique Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA). Il est ainsi en charge de l'ensemble des activités marketing pour les universités de la zone EMEA. Sa mission principale est d'aider professeurs et élèves à voir et comprendre leurs données dans un but d'apprentissage.