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La révolution de l’IA sera une révolution des valeurs humaines


Rédigé par Pedro Moneo, Opinno le 6 Juillet 2018

L’Intelligence Artificielle (IA) arrive et sera à l’origine de la plus grande transformation que le monde du travail ait connue. Les entreprises qui en bénéficieront sont celles qui mettront l’accent sur l’acquisition de données et la coopération des talents ; un enjeu de la technique et du management qui va développer nos valeurs humaines.



Pedro Moneo, CEO & founder d’Opinno
Pedro Moneo, CEO & founder d’Opinno
Vers un « super collaborateur »
Au cours de l’histoire, alors que les révolutions technologiques ont fait disparaître certains secteurs d’activité, elles en ont également créé d’autres : c’est la destruction créatrice de Schumpeter*. Si l’économie connaît bien aujourd’hui une nouvelle révolution, il n’est plus si sûr que la théorie de Schumpeter s’applique de nouveau. Avec l’intégration massive de l’intelligence artificielle (IA) qui remplacera des milliers de personnes par l’automatisation des tâches, le monde du travail va connaître une transformation radicale. À mesure que l’IA fait son apparition, deux scénarios s’esquissent : le premier où l’IA se substitue complètement à l’être humain, et le second où la technologie augmente ses capacités pour en faire un « super collaborateur ».

Des entreprises participatives
Au-delà du secteur économique, c’est la société tout entière qui est modelée par la technologie, dont on dit souvent à tort qu’elle restreint les interactions sociales. Il y a une autre façon d’envisager la question : penser la technologie comme un renfort à la coopération humaine. Ainsi, les plus grandes entreprises technologiques doivent leur succès à leur capacité à utiliser les nouvelles technologies de manière coopérative, bouleversant les modèles hiérarchiques traditionnels. Dans un avenir proche, chacun pourra s’impliquer dans les projets d’entreprise, où la relation entre collaborateurs va devenir de plus en plus fluide et évoluer vers un modèle d’organisation participatif.

Développer la collaboration
La révolution numérique des années 90 a déclenché des vagues de délocalisation du travail dans les pays émergents — Inde, Chine, Brésil — entraînant ainsi une baisse du prix du travail. Aujourd’hui, les entreprises ne se battent plus pour des emplois moins chers mais pour davantage de compétences et de créativité. De leur côté, les collaborateurs les plus talentueux apportent suffisamment de valeur ajoutée pour ne plus être contraints de s’adapter aux méthodes rigides des entreprises. Au contraire, ce sont désormais les entreprises qui doivent s’habituer aux nouvelles façons de travailler de leurs partenaires. Parce que les talents représentent la création de valeur de demain, il est important pour les entreprises de les identifier, de les attirer, mais surtout de les manager. L’acquisition de nouveaux talents implique une plus grande diversité de personnalités. Le réel enjeu du management de demain consistera donc à faire collaborer ces différents profils. C’est un défi de taille, car c’est un défi humain : il s’agit d’apprendre à s’adapter et à comprendre des personnes d’horizons différents.

Des talents et des données
À l’avenir, les humains ne seront plus seuls : ils seront soutenus par le pouvoir de l’IA qui les aidera à repousser leurs limites et en faire des « super-collaborateurs ». Pour fonctionner, l’IA a besoin d’infrastructures solides mais aussi d’accéder à une quantité suffisante de données. « La connaissance est la clef du pouvoir » disait Confucius. Les entreprises l’ont bien compris et se disputent aujourd’hui pour collecter un maximum de données. Une réorientation stratégique est à l’œuvre, car ce que les entreprises cherchent à acquérir est dorénavant immatériel : les données et les talents. Cette nouvelle configuration s’inscrit dans un mouvement général de dématérialisation où les entreprises « Web first » des années 2000 sont devenues « Mobile first » avec Google en fer de lance, qui a depuis initié la tendance du « Machine Learning First ».

Valoriser les profils empathiques
Demain, les entreprises seront à la recherche de deux types de profils : le spécialiste et l’humaniste. Pour suivre le rythme rapide et constant des avancées technologiques, les entreprises auront besoin de talents de plus en plus spécialisés. Ce besoin est déjà visible au sein des entreprises qui s’orientent vers plus de flexibilité pour que leurs collaborateurs puissent à la fois travailler, apprendre et se former. Par ailleurs, l’acquisition de profils empathiques sera vitale pour humaniser ce recours croissant à la technologie. Ce besoin s’illustre très bien dans le domaine de la médecine : si l’IA est capable de détecter le cancer d’un patient, il faut la douceur d’un médecin pour délivrer le diagnostic et préparer le patient à l’épreuve.

À mesure que la machine s’installe dans nos vies, les qualités humaines sont revalorisées. Et de là vient sans doute la plus grande révolution de l’IA : elle change les valeurs mêmes de notre société. Il est donc essentiel de cultiver dès aujourd’hui chez nos enfants le goût des richesses humaines que sont l’art, la musique, les voyages et les liens sociaux.

* Joseph Schumpeter est un économiste autrichien du XXe siècle, auteur de nombreux travaux et principalement connu pour sa théorie de la destruction créatrice.




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