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Ingénieur Développeur : une double compétence génératrice de success story


Rédigé par Soria Boucebaine, Ysance le 27 Janvier 2014

Le métier d’ingénieur informatique qui vise à rationnaliser les organisations et à formaliser leur complexité est l’un des profils les plus recherchés aujourd’hui. Les diplômés des grandes écoles françaises, dont la réputation n’est plus à démontrer hors de nos frontières, sont, ainsi, particulièrement courtisés…



Soria Boucebaine, Responsable RH Ysance
Soria Boucebaine, Responsable RH Ysance
Mais c’est sans compter la révolution digitale amorcée qui bouleverse les projets informatiques et va obliger le métier à évoluer. L’ingénieur informatique de demain, s’il veut être source d’innovation et de richesse, ne devra plus se contenter d’être un optimisateur ou un modélisateur, il devra aussi être un créateur…

Selon les différentes prévisions, les recrutements dans le secteur dit « technologique » devraient atteindre 200.000 postes en France, d’ici à 2020 (dont 80.000 dans l’informatique), offrant la part belle aux jeunes diplômés et, notamment, aux ingénieurs français dont la bonne réputation dépasse largement nos frontières.

Les géants américains tels que Google, Twitter ou Facebook sont d’ailleurs de gros recruteurs d’ingénieurs français tout comme la Chine qui plébiscite particulièrement « l’excellence française ». En cause, une sélection très poussée à l’entrée, un socle méthodologique en ingénierie passé au crible, une solide culture scientifique et le gage d’une qualité d’apprentissage unique fourni par la CTI (Commission des Titres d’Ingénieurs).

Malgré ces nombreuses grandes qualités, l’enseignement de la majorité des écoles d’ingénieurs françaises reste, encore aujourd’hui, trop axé sur la pédagogie et sur la recherche, et manque d’un volet plus pratique pour coller aux nouveaux besoins des entreprises qui entreprennent le virage du numérique. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on voit apparaître des écoles « nouvelle génération », comme l’école 42 ou l’EMI, qui cassent cette norme d’enseignement construite sur un schéma pyramidal, pour la déplacer vers la technique et le développement, sources d’innovation et de richesse.

Pourtant, s’il y a bien un domaine dans lequel nos jeunes ingénieurs diplômés peuvent se distinguer c’est dans bien dans celui de la programmation et du développement. Car ces touche-à-tout, a priori formés pour devenir des conducteurs de grands projets et en appréhender les problématiques complexes, ont également toutes les cartes en main pour être les créateurs d’innovations numériques de demain.

Facebook aurait-il ainsi vu le jour si Marc Zuckerberg n’avait pas mis ses talents d’ingénieur au service du code ? Idem pour Twitter avec Jack Dorsey ou Microsoft avec Bill Gates ? D’autres sociétés américaines ont, depuis, suivi ces exemples sans équivoque pour valoriser et démystifier le métier de développeur.

Il est bien dommage que les mentalités n’évoluent pas aussi vite dans l’Hexagone et que les entreprises françaises ne prédestinent pas plus ces grands diplômés au poste de développeur avec toute la valorisation que doit avoir ce métier, plus que jamais créateur de valeur à l’heure du « tout digital ». En France, le prédéterminisme du diplôme l’emporte sur le parcours professionnel. Etre un développeur et un polytechnicien est souvent antinomique. Or, la valeur est, aujourd’hui, dans le code, car avoir de bonnes idées sans personne pour les formaliser ne sert à rien. Le développeur est, par exemple, l’élément clé dans la construction d’une plateforme digitale, si stratégique pour l’entreprise.

Il faut donc que cette excellence à la française sache se déplacer de la recherche fondamentale vers l’application concrète de cette intelligence dans le développement.

L’entreprise Criteo est, d’ailleurs, un parfait modèle français de réussite. Ses fondateurs, tous ingénieurs, ont pris le pari de descendre dans « les couches basses » de la programmation pour matérialiser leurs idées et en faire un succès à l’international. Il en est de même pour l’éditeur open source français Talend. Ces modèles doivent devenir des références pour faire avancer les mœurs et pousser les entreprises françaises à valoriser le métier de développeur. Car l’équation est simple : plus il y aura de têtes pensantes au poste de développement, plus on tirera vers le haut la qualité des projets informatiques français qui feront non seulement bouger l’économie du pays, mais seront aussi en mesure de s’imposer sur les marchés internationaux. C’est là tout le bien qu’on peut souhaiter au numérique « made in France ».




Commentaires

1.Posté par Jean M. le 29/01/2014 14:04
Intéressant, pourtant, je voudrais émettre un bémol né de ma propre expérience de développeur.

« L’ingénieur informatique de demain, [...], il devra aussi être un créateur… »
Je m'inscris en faux contre cette assertion si on reste dans l'optique du développeur. L'ingénieur appelé à développer des outils ne les construira pas pour lui-même, mais les construira pour des utilisateurs.
Or ces utilisateurs ne l'ont pas attendu pour mettre en œuvre leurs processus métiers. L'idée est donc à la base de créer un outil pour faciliter ces processus. Il n'appartient pas au développeur, fût-il ingénieur, de créer quoi que ce soit à ce chapitre, son rôle devant se limiter à deux éléments essentiels : l'analyse exhaustive de tous les détails pour chacun des processus à mettre en œuvre, et la conception des éléments de codes nécessaires à cette mise en œuvre.

Vous citez Talend comme exemple de réussite : j'ignore si vous avez déjà utilisé Talend Open Studio, mais je l'ai moi-même essayé : ce truc est imbuvable. De mon point de vue, l'ergonomie est une catastrophe et il y a là-dedans des milliards d'options envisageables qu'un utilisateur « normal » ne peut pas appréhender facilement. Que Talend soit une réussite économique, je l'admets bien volontiers, que leurs solutions logicielles soit bien écrites, je me garderai bien d'avancer le contraire. Maintenant, si on se place du coté de l'utilisateur qui a besoin d'un manuel de 500 ou 800 pages pour comprendre comment l'utiliser, je suis beaucoup plus circonspect sur le terme de « réussite », et croyez bien que je regrette cet aspect.

J'ajouterai un autre élément que à mon sens a une importance considérable dans n'importe quel développement : l'implication de l'utilisateur dans la conception de l'outil. Que le développeur comprenne parfaitement le fonctionnement de l'outil qu'il construit, c'est normal, mais est-ce que l'utilisateur aura la même facilité dans la mesure où le développement n'est pas son métier et où sa culture n'a presque rien de commun : ce n'est du reste pas son métier.
Si le projet est peu ou pas (ou mal) démarré, le résultat sera bancal. J'ai personnellement tendance à considérer que pour n'importe quel projet du genre, il faut compter entre 50 et 70% d'analyse avant d'écrire la moindre ligne de code. Il faut en effet garder à l'esprit que si le cahier des charges fonctionnelles dans un premier temps, puis dans un second temps, le cahier des charges technique sont correctement construits, la phase de codage sera d'autant plus efficace et aboutira au plus près du résultat attendu parce qu'il ne restera pas d'ambiguïté sur quelque élément que ce soit. Et ce même si on avance par itération et qu'on répète le processus d'analyse complète pour chaque itération.

Enfin, je voudrais quand même appuyer vos propos sur la nécessité d'avoir des têtes pensantes aux postes de développeurs. C'est vrai, et ça pose le problème d'une proportion non négligeable d'ingénieurs qui, au départ développeurs, aspirent à accéder rapidement à des postes de chefs de projet ne codant plus mais faisant coder les autres, c'est moins fatigant et plus payant, ce que je trouve finalement assez pitoyable, mais qu'on peut mettre en parallèle avec leu peu de considération qu'ont souvent les développeurs en France.
Pourquoi donc les développeurs français s'exportent-ils aussi bien ? Peut-être bien parce qu'on leur offre ailleurs des conditions beaucoup plus intéressantes et favorables.

Quoi qu'il en soit, le débat est intéressant et mérite d'être prolongé.

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