Gouvernance des données orientée métier : quelques pré-requis organisationnels


Rédigé par le 3 Aout 2024

Ayant l’opportunité d’accompagner de nombreuses entreprises dans la mise en place d’une gouvernance des données orientée métier, je voudrais partager avec vous aujourd’hui quelques prérequis organisationnels. Eloignés des habituels conseils sur les outils à déployer, je constate que les premiers pas à réaliser, et pas les plus faciles, sont liés aux personnes et à l’organisation. Trois questions !



Qui ?

Cela peut paraitre évident, mais dans la réalité, la nomination claire et affirmée de la personne chargée de coordonner la gouvernance des données dans l’entreprise n’est pas toujours une priorité. Or, sans bénéficier de l’onction de la direction générale sur le sujet, la personne en charge rencontra sur sa route toutes les embuches posées ça et là par les personnes qui ne voient pas dans leur intérêt qu’une gouvernance vienne fixer des bonnes pratiques là où ils préfèreraient que personne ne vienne mettre son nez.
Donc, la première des choses à faire est de désigner une personne, de lui donner un titre de poste qui reflète cette fonction de mise en place des actions liées à la gouvernance, et de communiquer en interne sur le sujet. Récemment, un client m’expliquait que sa direction générale ne souhaitait pas envoyer un email pour indiquer à tous les employés que cette personne était maintenant en charge de mettre en place une gouvernance des données. Je lui souhaite bonne chance dans sa mission quand même la direction générale ne lui donne pas ses lettres de crédit !

Où ?

La position de cette personne dans l’organisation est beaucoup plus importante que son titre. Je peux être nommé Data Governance Manager, mais si je suis au troisième sous-sol de l’organigramme dans une sous-direction, dépendant de la direction informatique… je n’aurai jamais l’oreille du comité de direction pour arbitrer les litiges qui apparaitront ; ni la crédibilité pour imposer aux métiers un code de conduite et des bonnes pratiques qui modifieront leurs habitudes.
Les Américains ont choisi de placer la gouvernance des données, et de l’intelligence artificielle, directement au sein du comité de direction, en créant le poste de CIGO — Chief Information Governance Officer. Pas toujours facile dans les pays francophones de réunir le budget, la personne compétente, et la volonté de la direction générale pour créer ce niveau de poste. Du fait de mon expérience, je déconseille toute organisation dans laquelle le responsable de la gouvernance des données serait à plus d’un échelon du comité de direction. Je déconseille également — à quelques rares exceptions près — que la gouvernance des données orientée métier soit rattachée à l’informatique. Si elle ne peut pas être autonome, elle devrait être rattachée à l’audit, à une direction data ou digital. Le plus important est que le supérieur hiérarchique du responsable de la gouvernance puisse directement porter les messages au comité de direction, et obtenir sa validation ou son arbitrage. Là encore, il faut organiser et communiquer clairement en interne sur l’organisation, afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté.

Comment ?

Qu’il s’agisse de la charte de gouvernance des données, du code de conduite de l’IA, de la classification des données sensibles, du catalogue des data products, de l’ontologie d’entreprise… la gouvernance des données passe par la formalisation d’un certain nombre de livrables. Outre ses qualités relationnelles, le responsable de la gouvernance doit faire preuve d’un excellent formalisme. Rédiger, expliquer, illustrer, présenter… est son quotidien. Outre l’indispensable traitement de texte qu’il utilisera quotidiennement, il a besoin d’un outil de diffusion du contenu qu’il produit. Tout sauf des classeurs qui resteront dans une étagère ! Un simple Wiki fera l’affaire, mais il lui permettra de diffuser ses livrables, de recueillir des commentaires, des suggestions, d’échanger avec sa communauté en interne. C’est le premier outil à mettre en œuvre, avant de passer à tout logiciel complexe. Ce portail accueillera son message de nomination, la composition du comité de gouvernance, puis viendront la charte de gouvernance des données, et l’ontologie ou le glossaire métier, en fonction du niveau de profondeur souhaité.

Bon courage pour ces premières étapes. Comme elles touchent l’humain et l’organisation, elles sont à la fois indispensables et parfois les plus compliquées à accomplir.



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