Olivier Le Moing, Président du Club des utilisateurs Business Objects
Decideo : Olivier Le Moing, vous êtes l’actuel et dernier Président de l’association indépendante des utilisateurs Business Objects. Pouvez vous nous rappeler d’où vient cette association ?
Olivier Le Moing : Le club des utilisateurs Business Objects a été créé en 1993 sous l’impulsion de quelques grands comptes clients de Business Objects, mais aussi de quelques sociétés de services et avec la bénédiction de l’éditeur. Nous l’avons créé sous forme d’une association loi de 1901 avec notre propre financement de fonctionnement. Parmi les « moteurs » de cette création en 1993, on peut citer le Commissariat à l’Energie Atomique (le CEA), EDF, la Région Pays de Loire, etc.
Notre premier président était d’ailleurs Jean-Maurice Tupin alors directeur informatique du CEA. A la première réunion du club nous étions une trentaine de personnes autour de la table. Même si la société Business Objects n’avait que trois ans d’existence, les utilisateurs sentaient le besoin de se retrouver pour échanger sur leurs pratiques autour de l’outil. Mais aussi de devenir une force organisée auprès de l’éditeur pour faire pression, si le besoin s’en était fait sentir. Mais il n’y a jamais vraiment eu de tensions avec l’éditeur, au contraire. Emmanuel Libaudière qui était à l’époque responsable du marketing de Business Objects, avait encouragé notre création. L’éditeur voyait un intérêt à ce qu’un certain nombre de ses clients se regroupent. Nous avons également été le premier club Business Objects dans le monde.
Decideo : 15 ans après, Business Objects est racheté par SAP, où en était alors le club ?
Olivier Le Moing : Le club a toujours eu bonne presse auprès de l’éditeur. Nous ne les avons d’ailleurs jamais vraiment ennuyé. L’objectif était d’être « gagnant-gagnant », c’est à dire pour les membres du club de leur apporter de l’information, du partage d’expériences, du savoir-faire. Nous avons toujours essayé de travailler de manière la plus intelligente possible avec l’éditeur. Et cela intéressait aussi Business Objects d’avoir le retour des membres du club sur des nouveaux produits, des nouvelles fonctionnalités, ou tout simplement des modes de fonctionnement.
Nous sommes aujourd’hui 150 à 160 entreprises membres. Le rachat de Business Objects n’a pour nous pas changé grand chose. Nous avons toujours eu au sein de l’éditeur un référent, Martine Vesco pendant longtemps puis Jean-Michel Jurbert. Nous n’avons changé ni d’interlocuteur ni de manière de travailler depuis le rachat par SAP. C’est aussi pour cela qu’il n’y avait pas d’urgence à modifier notre organisation de club.
Olivier Le Moing : Le club des utilisateurs Business Objects a été créé en 1993 sous l’impulsion de quelques grands comptes clients de Business Objects, mais aussi de quelques sociétés de services et avec la bénédiction de l’éditeur. Nous l’avons créé sous forme d’une association loi de 1901 avec notre propre financement de fonctionnement. Parmi les « moteurs » de cette création en 1993, on peut citer le Commissariat à l’Energie Atomique (le CEA), EDF, la Région Pays de Loire, etc.
Notre premier président était d’ailleurs Jean-Maurice Tupin alors directeur informatique du CEA. A la première réunion du club nous étions une trentaine de personnes autour de la table. Même si la société Business Objects n’avait que trois ans d’existence, les utilisateurs sentaient le besoin de se retrouver pour échanger sur leurs pratiques autour de l’outil. Mais aussi de devenir une force organisée auprès de l’éditeur pour faire pression, si le besoin s’en était fait sentir. Mais il n’y a jamais vraiment eu de tensions avec l’éditeur, au contraire. Emmanuel Libaudière qui était à l’époque responsable du marketing de Business Objects, avait encouragé notre création. L’éditeur voyait un intérêt à ce qu’un certain nombre de ses clients se regroupent. Nous avons également été le premier club Business Objects dans le monde.
Decideo : 15 ans après, Business Objects est racheté par SAP, où en était alors le club ?
Olivier Le Moing : Le club a toujours eu bonne presse auprès de l’éditeur. Nous ne les avons d’ailleurs jamais vraiment ennuyé. L’objectif était d’être « gagnant-gagnant », c’est à dire pour les membres du club de leur apporter de l’information, du partage d’expériences, du savoir-faire. Nous avons toujours essayé de travailler de manière la plus intelligente possible avec l’éditeur. Et cela intéressait aussi Business Objects d’avoir le retour des membres du club sur des nouveaux produits, des nouvelles fonctionnalités, ou tout simplement des modes de fonctionnement.
Nous sommes aujourd’hui 150 à 160 entreprises membres. Le rachat de Business Objects n’a pour nous pas changé grand chose. Nous avons toujours eu au sein de l’éditeur un référent, Martine Vesco pendant longtemps puis Jean-Michel Jurbert. Nous n’avons changé ni d’interlocuteur ni de manière de travailler depuis le rachat par SAP. C’est aussi pour cela qu’il n’y avait pas d’urgence à modifier notre organisation de club.
Decideo : Alors justement, aujourd’hui jeudi 10 février a lieu normalement la dernière assemblée générale du club, qui devrait entériner sa dissolution et la proposition faite aux membres de rejoindre la commission Business Objects créée au sein de l’USF, l’association des utilisateurs SAP. Expliquez-nous cela en détail !
Olivier Le Moing : Rapidement après le rachat nous avons eu des contacts avec l’USF, avec son Président, Jean Leroux. Notre positionnement était assez clair. Nous n’étions pas hostiles à un rapprochement potentiel, mais nous ne voyions pas jusqu’en juin dernier d’intérêt à ce rapprochement. L’éditeur en face, SAP, a également mis du temps à « digérer » son acquisition et l’USF n’était pas en ordre de marche pour nous accueillir. Et nous n’avions de toutes façons reçu aucune proposition concrète de l’USF pour les rejoindre, ni dans quelles conditions ce rapprochement pouvait se faire. Au mois de mars dernier, l’USF a changé de gouvernance. Son objectif est de représenter l’ensemble des utilisateurs SAP et donc également les utilisateurs Business Objects. Claude Molly-Mitton, le nouveau Président de l’USF a annoncé qu’il allait créer une commission Business Objects au sein de l’USF. Il y a juste eu une petite incompréhension entre nous. Claude Molly-Mitton pensait qu’une proposition de rapprochement nous avait été faite et que nous l’avions refusée, alors que rien ne nous avait été proposé. L’USF voulait monter une commission Business Objects mais n’en avait pas la légitimité, et n’avait ni les membres pour y participer, ni la personne pour l’organiser. De son côté le club avait l’ensemble de ces pré-requis, son habitude de fonctionnement depuis 18 ans. Claude Molly-Mitton nous a donc proposé que nous soyons en charge du démarrage de cette nouvelle commission Business Objects plutôt que de rester dans notre coin. De notre côté nous étions conscients que la situation devait évoluer. Par ailleurs la délégation générale du club, assurée par Emmanuel Libaudière et sa société, nous a annoncé qu’il allait arrêter cette fonction. Nous avons également subi une certaine forme de pression de SAP, qui nous disait de manière plus ou moins directe que cela allait être compliqué à un moment donné de pouvoir dialoguer avec deux clubs différents. Mais il s’agit aussi de tirer profit d’un certain nombre d’opportunités. L’USF est un club plus important, il a donc des moyens plus importants, des permanents. Il y a des économies d’échelle à trouver. Pour certains membres, même s’ils ne sont que clients Business Objects, en rejoignant l’USF ils peuvent accéder à d’autres commissions qui peuvent les intéresser, je pense par exemple à la commission Service Public.
Nous nous sommes dits que d’un côté c’était sans doute le bon moment, et de l’autre que nous n’avions pas le choix !
Olivier Le Moing : Rapidement après le rachat nous avons eu des contacts avec l’USF, avec son Président, Jean Leroux. Notre positionnement était assez clair. Nous n’étions pas hostiles à un rapprochement potentiel, mais nous ne voyions pas jusqu’en juin dernier d’intérêt à ce rapprochement. L’éditeur en face, SAP, a également mis du temps à « digérer » son acquisition et l’USF n’était pas en ordre de marche pour nous accueillir. Et nous n’avions de toutes façons reçu aucune proposition concrète de l’USF pour les rejoindre, ni dans quelles conditions ce rapprochement pouvait se faire. Au mois de mars dernier, l’USF a changé de gouvernance. Son objectif est de représenter l’ensemble des utilisateurs SAP et donc également les utilisateurs Business Objects. Claude Molly-Mitton, le nouveau Président de l’USF a annoncé qu’il allait créer une commission Business Objects au sein de l’USF. Il y a juste eu une petite incompréhension entre nous. Claude Molly-Mitton pensait qu’une proposition de rapprochement nous avait été faite et que nous l’avions refusée, alors que rien ne nous avait été proposé. L’USF voulait monter une commission Business Objects mais n’en avait pas la légitimité, et n’avait ni les membres pour y participer, ni la personne pour l’organiser. De son côté le club avait l’ensemble de ces pré-requis, son habitude de fonctionnement depuis 18 ans. Claude Molly-Mitton nous a donc proposé que nous soyons en charge du démarrage de cette nouvelle commission Business Objects plutôt que de rester dans notre coin. De notre côté nous étions conscients que la situation devait évoluer. Par ailleurs la délégation générale du club, assurée par Emmanuel Libaudière et sa société, nous a annoncé qu’il allait arrêter cette fonction. Nous avons également subi une certaine forme de pression de SAP, qui nous disait de manière plus ou moins directe que cela allait être compliqué à un moment donné de pouvoir dialoguer avec deux clubs différents. Mais il s’agit aussi de tirer profit d’un certain nombre d’opportunités. L’USF est un club plus important, il a donc des moyens plus importants, des permanents. Il y a des économies d’échelle à trouver. Pour certains membres, même s’ils ne sont que clients Business Objects, en rejoignant l’USF ils peuvent accéder à d’autres commissions qui peuvent les intéresser, je pense par exemple à la commission Service Public.
Nous nous sommes dits que d’un côté c’était sans doute le bon moment, et de l’autre que nous n’avions pas le choix !
Decideo : Concrètement comment cette fusion va-t-elle se dérouler ?
Olivier Le Moing : Nous avons beaucoup travaillé avec l’USF depuis le mois de juin dernier pour déterminer les conditions d’accueil des membres du club BO au sein de l’USF. Nous avons obtenu la garantie de continuer à apporter à nos membres : quatre réunions par an, notre indépendance en terme de ligne éditoriale, de choix des sujets, des intervenants, des dates ; la présidence de la commission Business Objects ainsi que la vice-présidence, une gouvernance croisée avec la commission SAP BW pour obtenir un groupe « BI » important au sein de l’USF ; et la venue de deux membres de la commission Business Objects au sein du conseil d’administration de l’USF.
Aujourd’hui la BI représente pas loin de 40 à 50 % de l’activité de SAP. Avant l’organisation de l’USF faisait apparaître un grand pavé NetWeaver, découpé ensuite en commissions. C’est un détail formel, mais maintenant ce grand pavé NetWeaver a été découpé en deux, dont une partie qui remonte dans l’organigramme et regroupe les deux commissions BI : SAP BW et Business Objects.
I[Decideo : Pourtant, avec 150 membres, la commission BO au sein de l’USF va rester petite face aux centaines de membres de l’USF… comment allez-vous gérer cela ?]i
Olivier Le Moing : Certes l’USF regroupe 2000 à 2500 personnes, mais les commissions accueillent rarement plus de 50 membres. Lorsque nous nous réunissons, nous sommes une centaine à chaque fois. Le déséquilibre n’est donc pas évident du tout, au contraire. De par l’historique du club nous avons toujours beaucoup de monde à nos réunions, et je pense que nous pouvons devenir une des commissions très actives de l’USF. Par ailleurs le modèle de l’USF est différent, une grosse société qui adhère à l’USF peut y envoyer plusieurs personnes.
Decideo : il y a LE sujet des sociétés de services… elles pouvaient faire partie du club Business Objects et ne pourront en revanche pas rejoindre l’USF…
Olivier Le Moing : C’est mon principal regret ! Effectivement nous avions une dizaine de membres issus de sociétés de services. Ils étaient assez souvent actifs, apporteurs d’échanges, et non pas consommateurs. Ils ne venaient pas pour faire du commerce, et c’est vrai que nous allons perdre ces personnes là. Même si je sais qu’il y a des réflexions en cours, l’USF n’accepte pas aujourd’hui les membres des sociétés de service. Nous avons d’ailleurs fait voter nos adhérents sur ce projet de fusion avec l’USF. Ils sont à 86 % d’accord, et je pense que les 14 % restant sont en grande partie les membres de ces sociétés de service. Pour qu’ils puissent continuer à nous accompagner, nous les tiendrons au courant des sujets de la commission BO et pourrons les inviter lors de nos assemblées pour qu’ils puissent continuer à témoigner et à nous apporter de l’information. Même s’ils ne sont pas membres, ils pourront être invités et participer.
Decideo : En ce qui concerne les relations avec l’éditeur… l’USF a appris ces dernières années à aller « au combat » contre SAP, par exemple sur le sujet de la maintenance. Un fonctionnement donc différent du motus vivendi que vous décriviez entre Business Objects et le club. La commission BO va-t-elle devoir apprendre à travailler différemment avec SAP, de manière peut-être plus musclée ?
Olivier Le Moing : C’est possible, et même à peu près certain. J’espère que nous pourrons tout de même rester dans cette stratégie « gagnant-gagnant ». Le mode de fonctionnement est en effet un peu différent. Nous devrons apprendre. SAP commence à bien digérer son acquisition. Nous avons en face de nous un éditeur qui a changé. Mais nous allons essayer de garder de bonnes relations car je pense que chacun peut y trouver son compte.
Olivier Le Moing : Nous avons beaucoup travaillé avec l’USF depuis le mois de juin dernier pour déterminer les conditions d’accueil des membres du club BO au sein de l’USF. Nous avons obtenu la garantie de continuer à apporter à nos membres : quatre réunions par an, notre indépendance en terme de ligne éditoriale, de choix des sujets, des intervenants, des dates ; la présidence de la commission Business Objects ainsi que la vice-présidence, une gouvernance croisée avec la commission SAP BW pour obtenir un groupe « BI » important au sein de l’USF ; et la venue de deux membres de la commission Business Objects au sein du conseil d’administration de l’USF.
Aujourd’hui la BI représente pas loin de 40 à 50 % de l’activité de SAP. Avant l’organisation de l’USF faisait apparaître un grand pavé NetWeaver, découpé ensuite en commissions. C’est un détail formel, mais maintenant ce grand pavé NetWeaver a été découpé en deux, dont une partie qui remonte dans l’organigramme et regroupe les deux commissions BI : SAP BW et Business Objects.
I[Decideo : Pourtant, avec 150 membres, la commission BO au sein de l’USF va rester petite face aux centaines de membres de l’USF… comment allez-vous gérer cela ?]i
Olivier Le Moing : Certes l’USF regroupe 2000 à 2500 personnes, mais les commissions accueillent rarement plus de 50 membres. Lorsque nous nous réunissons, nous sommes une centaine à chaque fois. Le déséquilibre n’est donc pas évident du tout, au contraire. De par l’historique du club nous avons toujours beaucoup de monde à nos réunions, et je pense que nous pouvons devenir une des commissions très actives de l’USF. Par ailleurs le modèle de l’USF est différent, une grosse société qui adhère à l’USF peut y envoyer plusieurs personnes.
Decideo : il y a LE sujet des sociétés de services… elles pouvaient faire partie du club Business Objects et ne pourront en revanche pas rejoindre l’USF…
Olivier Le Moing : C’est mon principal regret ! Effectivement nous avions une dizaine de membres issus de sociétés de services. Ils étaient assez souvent actifs, apporteurs d’échanges, et non pas consommateurs. Ils ne venaient pas pour faire du commerce, et c’est vrai que nous allons perdre ces personnes là. Même si je sais qu’il y a des réflexions en cours, l’USF n’accepte pas aujourd’hui les membres des sociétés de service. Nous avons d’ailleurs fait voter nos adhérents sur ce projet de fusion avec l’USF. Ils sont à 86 % d’accord, et je pense que les 14 % restant sont en grande partie les membres de ces sociétés de service. Pour qu’ils puissent continuer à nous accompagner, nous les tiendrons au courant des sujets de la commission BO et pourrons les inviter lors de nos assemblées pour qu’ils puissent continuer à témoigner et à nous apporter de l’information. Même s’ils ne sont pas membres, ils pourront être invités et participer.
Decideo : En ce qui concerne les relations avec l’éditeur… l’USF a appris ces dernières années à aller « au combat » contre SAP, par exemple sur le sujet de la maintenance. Un fonctionnement donc différent du motus vivendi que vous décriviez entre Business Objects et le club. La commission BO va-t-elle devoir apprendre à travailler différemment avec SAP, de manière peut-être plus musclée ?
Olivier Le Moing : C’est possible, et même à peu près certain. J’espère que nous pourrons tout de même rester dans cette stratégie « gagnant-gagnant ». Le mode de fonctionnement est en effet un peu différent. Nous devrons apprendre. SAP commence à bien digérer son acquisition. Nous avons en face de nous un éditeur qui a changé. Mais nous allons essayer de garder de bonnes relations car je pense que chacun peut y trouver son compte.